Quel avenir sans l’Histoire?

Aujourd’hui, notre jeunesse réclame son Histoire. Ses repères. Il faut lui donner tout ce qui peut l’être. Sans plus attendre.

Samedi, nous célébrerons le 46e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie. C’est la plus importante date de notre existence de citoyens. C’est le jour où nous nous sommes débarrassés du statut d’indigènes. C’est le jour où nous avons redressé la tête. C’est le jour où nous avons retrouvé notre condition d’hommes et de femmes à part entière. C’est le jour où se sont brisées les chaînes de la domination. De la servitude. De l’exploitation. C’est le jour où nous avons commencé à manger à notre faim. A ne plus avoir froid. Où nous avons quitté nos taudis. Nos ghettos.

C’est le jour où nous avons fini d’être des étrangers chez nous. Il faudrait des livres et des livres pour narrer toutes les horreurs que nous avons vécues sous la colonisation. Pour dire leur histoire à tous les moins de 50 ans qui ont eu la chance de ne pas être nés sous la domination. L’humiliation. Les privations. Ils sont aujourd’hui 80% à ne pas connaître cette histoire.

Leur histoire. Ils vivent sans leur passé. Dans un dangereux vide mémoriel. Un vide que tentent de combler certains, de plus en plus nombreux, en s’inventant un passé. Edulcoré. Irréel. Très dangereux vide même, car qu’on ne sache pas d’où l’on vient, on ne saura jamais où l’on va. Où on veut aller.
L’écriture de l’histoire de notre pays ne s’est pas encore faite. Pour des raisons politiques. Pour des raisons subjectives. Pour des raisons d’intérêts.

La France ne veut pas nous rendre nos archives qu’elle détient. Où plutôt elle ne nous rend que ce qu’elle veut et quand elle le veut. Elle a ses raisons. Ceux qui les connaissent savent qu’elle gardera toujours l’essentiel. Il nous faut cesser de faire semblant de les attendre et de commencer l’écriture de notre Histoire sans laquelle nous sommes en danger structurel. Le diable s’est déjà emparé de notre âme. Celle de tout un peuple. Le plus grand écueil vient d’une tenace croyance qui voudrait que l’Histoire ne doit être qu’idyllique. Où il n’y aurait que des héros. Où la faiblesse naturellement humaine ne doit pas y figurer. D’ailleurs, on n’en trouve aucune trace dans les matériaux formés essentiellement de témoignages recueillis jusque-là.

Des vivants qui se donnent le beau rôle et personne ou très peu, pour défendre celui des morts. Tout cela fait partie de la nature humaine. Chacun le comprend. Nous ne devons pas, pour cela, rester bloqués jusqu’à l’éternité. Il y a urgence. Beaucoup de maux que nous vivons proviennent de repères historiques inexistants. Des repères dont l’âme a toujours besoin pour s’y amarrer. Il y a urgence, car pour aimer et défendre son pays il faut connaître le prix qui a été payé pour son Indépendance. On ne peut pas en vouloir à ceux qui n’étaient pas encore nés et à qui, de surcroît, on n’a rien raconté, de ne pas savoir apprécier le bonheur de la liberté. De détruire au lieu de construire.

De vouloir fuir et rejoindre l’enfer au lieu de participer à faire de leur pays, qui en a tout le potentiel, un paradis. Quels que soient leurs arguments, ils buteront toujours sur cette vérité qui fait que la fuite ne sera jamais la solution. En aucun cas, ils ne peuvent être tenus pour responsables de ce qui leur arrive. Ils n’ont que le présent pour apprécier. Pour juger. Il y a, en effet, urgence à livrer aux Algériens leur histoire. Au moins l’essentiel.

L’histoire de la condition humaine sous la colonisation. De la vie, au quotidien, des colonisés que nous avons été. En laissant de côté, pour cette étape, toute personnification. Toute glorification des héros. Toute accusation des traîtres. Chaque chose en son temps. Aujourd’hui, notre jeunesse réclame son Histoire. Ses repères. Il faut lui donner tout ce qui peut l’être. Sans plus attendre. Il suffit pour cela de travailler sur le Code de l’indigénat comparé à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le reste viendra.

Zouhir MEBARKI

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