Ça tourne! Ça va tourner!

Hollywood traverse une véritable crise! En moins d’une année, il est confronté à une seconde grève qui secoue sérieusement l’industrie du rêve: après les scénaristes qui, pendant des mois, ont paralysé les circuits de production et ont gelé le tournage de séries télé qui maintenaient les spectateurs en haleine, les acteurs viennent de lancer un vaste mouvement revendicatif avec les mêmes demandes que les scénaristes.

Après la télévision qui a succédé au cinéma, voilà maintenant le commerce de la cassette, du DVD et de l’Internet qui multiplient par x les bénéfices des grandes maisons. N’allez pas croire que c’est la Révolution au pays du libéralisme. Hollywood en a vu d’autres et ce n’est qu’un épisode qui aura un happy end comme dans les films du cru. Ce n’est pas ce qui risque d’arriver chez nous, puisque les forces vives du cinéma algérien ont été pulvérisées et éparpillées par les restructurations des années 80, restructurations aussi bien administratives que syndicales.

La tragédie nationale donnera le coup final et fatal à une corporation mal en point, dont certains de ses membres, parmi les plus actifs, iront chercher ailleurs les conditions de travail qu’ils n’ont pas trouvées chez eux.

Heureusement que la crise financière a été résorbée et que l’argent coule de nouveau à flots dans les caisses de l’Etat. Car dans notre pays, c’est l’Etat qui a toujours pris en charge la production audiovisuelle et même les partisans les plus acharnés du secteur privé, tendent leur sébile pour recueillir les subventions publiques. Et l’Etat multiplie à tour de bras les initiatives pour stimuler une production anémiée: création du Fdatic, «Année de l’Algérie en France», «Alger, capitale de la culture arabe 2007», Festival du film amazigh, Panorama du cinéma algérien, et maintenant, Festival du cinéma arabe.

Tous ces festivals sont censés redynamiser la production: ce fut vrai pour les deux années précitées où une manne financière s’est abattue sur des productions filmiques de qualités diverses, mais qui ont au moins le mérite d’exister. Les festivals, créant une convivialité qui a déserté longtemps la place algérienne, bien que générant des frais accessoires (billets d’avion, prise en charge des invités) sont importants, relancent le vieux désir du pouvoir algérien de réoccuper une place de leader en Afrique.

Mais il ne suffit pas d’avoir de l’argent, il faut aussi avoir une volonté soutenue et qui ne doit pas simplement se manifester sporadiquement aux dates fixées par les péripéties historiques. D’abord, le pays doit posséder une infrastructure intégrée: studios, laboratoires, équipements numériques modernes et salles de cinéma. Le parc de ces dernières, réduit à sa plus simple expression, est en train d’être rénové selon les dires des responsables de la culture.

Mais les infrastructures ne suffisent pas à elles seules pour relancer la production. Il faut une nombreuse main-d’oeuvre variée et spécialisée qui forme la longue chaîne de production. D’abord, il faut des scénaristes chevronnés, capables de construire en un temps record, des histoires crédibles, de créer des caractères, des personnes. Il faut des adaptateurs pour réorganiser des romans à succès. Les dialoguistes sont nécessaires pour mettre dans la bouche des acteurs les mots qu’il faut.

Les décorateurs, les ensembliers, les accessoiristes, les costumiers et les habilleurs forment la corporation des collaborateurs indispensables pour donner une épaisseur au récit. Le maquilleur, le perruquier, le truqueur ajoutent leur touche personnelle. Le directeur photo, l’ingénieur du son créent le support audiovisuel qu’un chef monteur organisera sur la table.

Et le réalisateur est le chef d’orchestre de toute l’équipe où chacun est appelé à faire des gestes, au moment précis, avec précision, ainsi que le cascadeur, le doubleur, l’éclairagiste, l’électricien, le directeur de production…C’est long, un générique de film professionnel et j’ai oublié les acteurs! Un comble!

Selim M’SILI

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