Haro sur la concurrence du “ciel” ?

Des confrères se sont étonnés qu’une autorisation de vols charter entre Paris et Alger ait été délivrée sans consultation d’Air Algérie et de son personnel.

Difficile de comprendre au nom de quel principe l’intrusion d’un nouveau venu dans l’espace aérien national peut nous contrarier. S’agit-il de défendre un monopole dépassé, au demeurant déjà partagé avec d’autres aviateurs ? Et dans la “bonne entente”, notamment en matière des tarifs.

S’il s’agit de défendre le pavillon national, cela est peut-être dû à une méprise qui les amène à confondre le pavois qui indique la nationalité d’une entreprise “nationale”, autant que des centaines qu’on s’efforce vainement de bazarder, et l’emblème, symbole de la souveraineté nationale ?

C’est d’ailleurs l’occasion de se poser la question de savoir quel est le statut flou du ciel algérien ; ni ouvert, puisqu’on en ignore les règles qui président à l’autorisation d’entrée de nouvelles compagnies, ni fermé, puisqu’ils sont nombreux les “pavillons nationaux” justement qui y opèrent avec, apparemment, l’engagement scandaleux — puisqu’ils pénalisent les voyageurs et visiteurs de l’Algérie — de ne pas trop baisser leurs tarifs.

Aujourd’hui, et sûrement jusqu’à la fin de l’été, il est pratiquement impossible d’improviser un voyage vers la France — vers Paris surtout — ou dans le sens inverse si l’on n’a pas le moyen de faire valoir son… passe-droit.

Et au lieu d’appeler à l’ouverture des voies de déplacement des Algériens, nous dénonçons, implicitement, un nouvel arrivé dans l’activité sur la ligne qui connaît “le plus haut tarif de transport aérien du monde”, malgré “le plus grand taux de remplissage”, du monde aussi ! Et pourtant, nous dénonçons à l’occasion ce cas de superprofits sur une clientèle captive par monopole.

Et par entente entre concurrents : ce qui est interdit par la loi ! Pourquoi ce qui n’est pas tolérable dans la téléphonie, par exemple, est-il encouragé dans le transport aérien ? Pourquoi fait-on saigner chaque été “la communauté émigrée” que nous supplions avec des larmes de crocodile de ne pas rompre le lien avec la mère patrie ?

S’il l’on soupçonne que la décision comporte une part de doute quant à sa régularité, le mieux serait de la dénoncer comme telle. C’est la vocation de la presse de veiller à la transparence du fonctionnement des institutions.

Sinon, si l’on devait prendre l’avis individuel des entreprises avant de réformer l’économie, on en serait encore aux bonnes vieilles “sociétés nationales” qui distribuaient les bénéfices des déficits répétés.
Et que serait la presse aujourd’hui si le gouvernement de 1990 avait demandé l’avis d’El Moudjahid avant de nous autoriser à concurrencer le “quotidien national d’information” qui, en plus d’être de souveraineté nationale, est l’héritier du journal du mouvement de libération nationale ?

C’est vrai qu’après cela, nous avons bénéficié et bénéficions toujours d’une espèce de monopole à plusieurs, grâce au procédé occulte de l’agrément et à l’interdiction de fait de la presse étrangère due à un régime décidément imperméable aux vertus de l’ouverture. Le monopole, en tout, est une prime à la médiocrité.

Mustapha Hammouche

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