Le temps et ses conjugaisons

Dimanche dernier, le chef de notre gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, avouait publiquement, en présence de son homologue français François Fillon, l’embarras algérien face à la métamorphose du projet français sur l’union méditerranéenne, après l’abdication de Sarkozy face à l’Allemande Angela Merkel. Conçue initialement pour les seuls pays riverains de la Méditerranée, l’union devait être unilatéralement élargie aux 27 membres de l’UE.

«Nous ne savons pas aujourd’hui si l’on doit discuter avec Paris ou bien avec Bruxelles pour construire cette UPM», s’interrogeait Belkhadem. Il ne devait pas être bien loin à cet instant de penser qu’il vaut mieux avoir affaire à un bon diable qu’à de faux saints. Cela aurait été plus simple s’il pouvait régler sa conduite sur celle de la rue algérienne et, comme elle, renvoyer en bloc l’UM, l’UPM et les autres unions du genre à venir.

Car il répugne à la rue algérienne comme d’ailleurs à la rue marocaine, tunisienne, libyenne, voire mauritanienne d’avoir le moindre contact avec l’Etat sioniste hors du champ de bataille. Et pourrait-on parvenir à la construction d’une union autre qu’artificielle, sachant que les populations de la rive nord ne sont ni Arabes ni Africaines et que ceux de la rive sud ne se sont jamais senties européennes.

Les Algériens n’ont-ils pas rejeté par les armes cette nationalité française qui, administrativement, faisait d’eux des ressortissants européens ? Dès lors, comment voudrait-on voir le Maghreb se séparer de gaîté de cœur de son Machrek et tourner le dos à son continent l’Afrique pour se voir amarrer à l’Europe ? Chose qu’il avait combattue hier alors que ne se posait pas encore la question de la «normalisation».

La paix et la prospérité dans le bassin méditerranéen figuraient dans les soucis de l’Algérie dès la récupération de son indépendance en 1962. Mais est-il possible de parler d’une construction méditerranéenne avec un Etat qui colonise la Palestine et occupe les terres en Syrie et au Liban ? Est-il possible que le président de la RADP aille serrer des mains dégoulinantes de sang palestinien, alors qu’Israël se fait plus belliqueux que jamais ?

«Chaque chose en son temps», répondit Bouteflika, lorsqu’on lui demanda s’il comptait se rendre à la réunion parisienne du 13 juillet. Une réponse qui fait vaciller un peu plus le projet français. Hier, Sarkozy, le malheureux père du projet abâtardi se faisait rappeler à l’ordre par le nouveau grand rabbin de France, Gilles Bernheim.

Sarkozy avait eu le malheur de réaffirmer la position traditionnelle de la France sur le statut d’El-Qods comme capitale de deux Etats. Le rabbin n’a pas pris de gants pour rétorquer au président de la France que «Jérusalem est la capitale d’Israël et elle le restera». Ce n’est certainement pas Fillon qui pensera à réimposer la position de son pays, lui qui, à Alger, ne dit pas mot sur la place des Palestiniens à l’UPM.

Mohamed Zaâf

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