Ouyahia
A la veille du congrès de son parti et à une semaine de son 56ème anniversaire, le secrétaire général du RND, nommé de nouveau chef du gouvernement, ne pouvait rêver meilleur cadeau d’anniversaire. Mais le présent présidentiel n’est pas vraiment une véritable offrande. L’homme a certes le profil du poste et le CV idoine d’un homme d’Etat. Il est aussi, c’est archi connu, un homme de mission et de devoir.
Mais c’est surtout la conjoncture et l’agenda politiques nationaux qui semblent avoir dicté le choix du président de la République. La feuille de route de M. Ahmed Ouyahia semble donc toute tracée : préparation de la future révision constitutionnelle, organisation de l’élection présidentielle du printemps 2009 et l’amorçage réel des réformes économiques, dont la vitale restructuration du secteur bancaire.
Il y a, bien évidemment, les affaires courantes propres à tout gouvernement. Il y a aussi l’enclenchement d’une véritable dynamique gouvernementale. Le successeur de M. Abdelaziz Belkhadem aura donc la lourde tâche de libérer les énergies et de favoriser les synergies au sein d’une équipe qui, globalement, donnait souvent l’impression d’être ankylosée dans un sur-place stérilisant.
En un mot, le meccano n’était pas tenu d’une main ferme et sûre et certains secteurs renvoyaient parfois des images contraires à l’idée que l’on pourrait se faire d’une bonne gouvernance et d’une saine gestion.
Il s’agirait donc d’une reprise en main des choses gouvernementales qui dit bien son nom. L’on pourrait donc penser que la nomination d’Ahmed Ouyahia dessine en creux un bilan d’étape peu convaincant de son prédécesseur. Il est vrai que ce dernier est nommé à de hautes fonctions de représentation où son profil et son talent pourraient peut-être faire merveille.
Des échos, enregistrés ici ou là, avaient fini par constituer un faisceau d’indices probants permettant de penser que le programme économique présidentiel peinait à atteindre sa vitesse de croisière ou même à prendre carrément son envol.
La difficulté à appliquer pleinement ce programme richement doté et à lancer un véritable train de réformes alors que les marges d’aisance financière du pays n’ont jamais été aussi confortables n’était pas sans conséquence sur l’image de l’Algérie et de sa signature à l’étranger.
L’image de notre pays s’en ressentait d’autant plus que la décrue de la violence terroriste était paradoxalement accompagnée par des accès de fièvre sociale à travers le pays. L’émeute nihiliste, souvent le fait d’une jeunesse désespérée et déboussolée, semble être devenue le mode de protestation privilégié.
Premier ministre de 1996 à 1998 et de 2003 à 2006, Ahmed Ouyahia a sans doute l’habitude des légations difficiles. Il a aussi la lucidité, la sagacité, la résilience et même la dose de cynisme nécessaire pour habiter de nouveau sa fonction. Pleinement.
Cet homme de loyauté et de fidélité à l’Etat dont il se définit comme étant le dévoué et reconnaissant serviteur n’ignore pas que le chef de l’Etat avec lequel il n’a jamais rompu ce que les Omeyyades appellaient le «cheveu de Mouaaouiya», ne lui a pas offert une sinécure, pas plus qu’une belle vitrine d’exposition. L’ignorerait-il un seul instant que le calendrier politique national et les
engagements internationaux de l’Algérie le lui rappelleraient.
Noureddine Khelassi