Kafkaïen

La gestion par le mauvais suspense, voilà un autre avatar de notre système politique. A quelques jours à peine du sommet de Paris sur l’Union pour la Méditerranée, la position algérienne n’arrive pas à sortir de son ambiguïté. L’opinion publique est pourtant attentive à tout ce qui se passe en Méditerranée. Elle attendait du président de la République une information claire, voire une stratégie et un message. Il ne dit rien sauf ce mot : « Chaque chose en son temps. »

Une non-réponse à des questions pourtant légitimes : est-ce la présence israélienne qui gène l’Algérie ou est-ce la crainte d’être reléguée politiquement derrière des pays voisins ? Ou autre chose liée à des enjeux de politique intérieure ? Comme le chef de l’Etat se fige dans ses hésitations, les officiels sont réduits à faire de la valse. Médusés, les Algériens ont entendu Louiza Hanoune proposer un référendum populaire et Réda Hamiani plaider fortement pour une pleine adhésion à l’UPM.

Une détestable cacophonie autour d’une question dont les autres Etats méditerranéens, par contre, ont saisi toute l’importance : tous ont exprimé officiellement leur attitude, l’ont portée à la connaissance de leur opinion publique, souvent en l’impliquant pleinement. Ce type de louvoiement de nos puissants n’est pas isolé. Le dossier de la révision constitutionnelle est un cas encore plus flagrant.

Ziari, le président de l’APN, et Ouyahia, le chef du RND, sont les deux derniers d’une longue liste d’officiels à évoquer « l’imminence » d’une refonte de la Loi Fondamentale. Mais cette fois-ci, les responsables – tous – se gardent d’évoquer la possibilité de la levée du verrou constitutionnel concernant la limitation des mandats présidentiels.

Il y a quelques mois, tout le pays était persuadé — le pouvoir s’étant fortement impliqué — que le projet de triturer la Loi Fondamentale devait permettre à Bouteflika de rester après avril 2009. Mais au fil du temps, pour on ne sait quelle raison, ce qui avait l’apparence de la clarté — même contestable — s’est assombri au profit d’une curieuse situation : il n’y a pas officiellement abandon du projet de révision constitutionnelle mais l’idée du troisième mandat est devenue incertaine, voire compromise.

Kafkaïen. Il est possible de multiplier à l’infini les exemples de dossiers gérés dans l’opacité la plus totale. La raison est simple, elle réside dans l’excessive monopolisation de la décision politique entre les mains d’un seul homme, une tare qui aggrave les autres maux véhiculés par le système politique lequel puise l’essentiel de son héritage dans le temps de la pensée unique.

Les citoyens, leurs représentants élus, et tous les acteurs politiques et sociaux sont aujourd’hui réduits au rang de spectateurs, sans aucune prise sur les événements. Le destin de leur pays se fait sans eux et souvent contre eux.

Ali Bahmane

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