FULL SUCCESS POUR F. FILLON
Le Premier ministre français peut repartir avec la satisfaction du travail accompli. Je ne vous parle pas des contrats qui sont déjà en eux-mêmes un considérable succès. Je ne vous parle même pas de cet accord sur le nucléaire qui est déjà une option sur notre uranium et le prétexte rêvé pour mettre notre pays sous contrôle. Souvenez-vous que pour le tout petit machin que nous possédons à Aïn-Ouessara, l’Angleterre a déclenché un tollé en nous accusant de préparer une bombinette.
Alors avec du vrai nucléaire civil dont personne ne peut prouver l’utilité pour l’Algérie, qu’est-ce que cela va être ? Et qui d’après vous va se porter garant de notre bonne conduite nous mettant ainsi sous sa tutelle ? La France, bien sûr, puisque selon Sarkozy, ce nucléaire sera contrôlé à distance. Et nous l’aurons, en plus de nos dollars, payé avec un accès français privilégié à la gestion de notre gaz.
Ce sont exactement les termes du contrat proposé par le président français : du nucléaire contre une gestion partagée du gaz. Je ne vous parle même pas du silence algérien sur la directive du retour qui bafoue violemment ces droits que nous envoient l’Europe en général et Kouchner en particulier.
C’est quand même curieux que des pays au premier chef concernés par cette mesure se taisent y compris quand cette mesure prévoit de renvoyer le migrant vers son dernier pays de transit. Vous voyez l’Algérie recevoir les Subsahariens qui ont choisi nos plages pour partir et les mettre dans des centres de rétention ? Je ne vous parle même pas du silence officiel sur ce 28e membre que l’UE vient d’intégrer sans consulter les peuples européens. Non. Je vous parle de notre presse.
C’est presque le triomphe. Accord historique par-ci, accord historique par-là. Les services de Fillon feront la lecture du silence des autorités et de l’enthousiasme de la presse : les idées françaises et européennes dominent. L’Algérie officielle veut plus d’intégration à la France, à l’Europe et renoncer à avoir ses propres orientations pour épouser celles des autres en matière de commerce, d’industrie et d’agriculture.
Au point que A. Belkhadem sollicite Fillon pour l’aider à entrer dans l’OMC. Quand vous sollicitez, vous êtes demandeur, vous êtes dans un statut subalterne, non ? L’Algérie médiatique applaudit au succès français. F. Fillon pourra faire son rapport à Sarkozy : les idées françaises et européennes dominent en Algérie officielle et médiatique. Mieux, elles sont hégémoniques et donc prometteuses pour les intérêts néocoloniaux.
Quand vous possédez l’âme, vous possédez le reste, n’est-ce pas ? Mais personne ne sait ce que pense l’Algérie réelle. Sauf pour ses enfants qui préfèrent le ventre des poissons au cimetière de leurs rêves qu’est devenu leur pays. Avec, en prime, l’accord de ce dernier de les voir croupir entre six mois et un an et demi dans les centres de rétention de Berlusconi, fervent admirateur de Fallaci qui prend les musulmans pour des rats, ou dans les centres de Sarkozy, ami indéfectible d’Israël et de ses rabbins ou dirigeants qui prennent les Arabes pour des cafards à écraser sans pitié. Reste l’autre Algérie, l’Algérie inconnue.
Qui n’est ni l’officielle, ni la médiatique, ni la réelle. Qui est l’Algérie symbolique, celle des Syphax ou des Cheikh Ahhadad, celle de nos martyrs et qui, elle, nous réveille à son heure pas à celles des maîtres du moment.
MOHAMED BOUHAMIDI