Course en compagnie du temps

En réservant une réponse offrant un large spectre de lectures possibles quant à sa présence (ou pas) au sommet fondateur de l’UPM, «chaque chose en son temps», Bouteflika décline une attitude hautement politique signifiant qu’en ce domaine, comme en tant d’autres d’ailleurs, le seul impératif qui urge est de ne pas se presser.

A titre d’exemple, sur la patience comme seul mode à imprimer au cours des contacts pour édifier une Union «aux reins solides» et qui ne soit pas une lubie fantaisiste d’un souverain en mal d’idées originales, il n’est que de rappeler qu’il a fallu, entre les premiers pourparlers de l’actuelle Union européenne et la Constitution finale (qui d’ailleurs connaît les tourments référendaires que l’on sait), plus d’un demi-siècle de bons et loyaux dialogues entre les Etats concernés qui ont déroulé leur sinueux parcours. Autrement dit, on n’en est ni à un jour ni à un mois près.

Ceci pour les chantiers à long terme engageant de très nombreux Etats aussi divers, pour ne pas dire antagoniques, que peut l’être un patchwork aussi bariolé qu’un arc-en-ciel. Par contre, pour les contrats bilatéraux, notamment ceux signés à l’occasion de la visite du premier ministre français, c’est une tout autre perception du temps, avec heureusement une appréciation identique par les deux versants du paraphe.

Ainsi que prévu, les ministres, industriels et hommes d’affaires français qui ne repartent pas bredouilles ont fait à Alger de consistantes emplettes contractuelles, dans l’«intérêt mutuel», comme de bien entendu. Ainsi, autant pour les accords sur les deux grosses cylindrées que sont le nucléaire civil et la coopération militaire que pour les autres contrats, comme le retour (c’est l’entreprise fondatrice de la cimenterie de La pointe Pescade) du bon vieux Lafarge pour reprendre en partie le complexe de Meftah, l’arrivée de Schneider (à El Eulma) et autres volets de formation et d’échanges dans les services, l’accent sera désormais mis sur le suivi.

Et là, le temps n’est plus une notion abstraite de brièveté ou d’éternité, mais un calendrier bien précis et un échéancier dûment fixé pour des retrouvailles périodiques d’évaluation. En d’autres termes, ce n’est plus un énoncé de principe vague et diffus, mais une périodicité clairement datée, à savoir une fois par mois. En tout état de cause, les deux co-contractants ont tout intérêt à l’instauration de ce suivi régulier, puisqu’il y va de la fructification de l’investissement d’une part, et de l’impact de celui-ci sur l’emploi et sur le marché de l’autre.

Il est dorénavant absolument certain, après des décennies de valse-hésitation, d’alternance de périodes de gel et dégel, de relance d’espoir et d’espoirs déçus, que l’Algérie et la France ont définitivement tiré un trait sur ce passé d’incompréhensions. Un palier a été franchi avec la visite de François Fillon, s’inscrivant elle-même, comme il a tenu à le réaffirmer, dans le sillage de la visite du Président Sarkozy. De la profession de foi et de la déclaration de principe, on est passé au stade du palpable. Ce n’était pas trop tôt.

Nadjib Stambouli

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