Passage obligé

En visite officielle à Alger, le Premier ministre français, François Fillon, a évoqué les questions de l’histoire et de la mémoire qui assombrissent encore les relations entre les deux pays. A cet égard, il a souligné que les choses évoluaient à cet égard, en donnant pour preuves significatives les déclarations du président français sur le colonialisme lors de sa visite d’Etat en Algérie, en décembre 2007, et celles plus récentes de l’ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet, sur les massacres du 8 Mai 1945.

Le Premier ministre français ne pouvait certes pas occulter, à l’occasion de sa visite officielle, un thème auquel il ne peut pas ignorer que les Algériens restent encore très sensibles bien que cela n’empêche pas les deux pays de développer des liens forts sur le plan économique. L’Algérie et la France peuvent aller encore plus avant dans d’autres domaines de coopération, comme en attestent les accords bilatéraux sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et la défense.

Ce sont des accords de caractère majeur qui traduisent de part et d’autre une dynamique de bonne volonté et de pragmatisme. Les questions susceptibles de fâcher ne doivent pas constituer un obstacle infranchissable de nature à compromettre la mise en branle d’un partenariat productif entre Alger et Paris.

En donnant l’assurance que les archives françaises, relatives précisément aux questions d’histoire et de mémoire, seront plus largement accessibles aux chercheurs algériens, le Premier ministre français entendait à l’évidence apporter une note d’apaisement dans un dossier aux soubassements forcément polémiques en dépit de la marche du temps.

François Fillon tenait en fait un discours à double entente destiné autant à ses hôtes algériens qu’à ses propres compatriotes d’origine algérienne qu’il se dit très attentif à voir bien représentées dans les institutions du culte musulman en France.

Le Premier ministre français a, pour l’essentiel, inscrit son propos dans l’esprit du renforcement de relations bilatérales, qui au-delà des seules dimensions commerciales et écononomiques, ont pâti des préjugés et du poids de contentieux de mémoire enracinés dans l’histoire.

La visite officielle de François Fillon, qui fait suite à celles de membres influents de son gouvernement à Alger, marque la volonté des deux capitales de ne pas insulter l’avenir faute d’avoir fait du passé table rase. C’est une tâche de grande envergure qui échoira vraisemblablement aux générations futures.

Pour autant, les deux pays ne peuvent pas se tourner le dos et entretenir un climat de méfiance réciproque préjudiciable à leurs intérêts, voire à ceux d’une région du monde, la Méditerranée, où la France tente de se redéployer sur le double plan économique et diplomatique. Dans cette optique, Alger est un passage obligé.

Amine Lotfi

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