Le peuple s’est exprimé. À vous…

Cette fois-ci, il n’a pas été possible de camoufler l’échec. La pression qui opère quand il s’agit d’embarquer des fonctionnaires pour une manifestation à “la coupole du 5-Juillet” n’agit, apparemment, pas quand il s’agit d’attirer les électeurs vers les bureaux de vote.

Le ministre de l’Intérieur a eu raison, même si, par sarcasme ou par dérision, il en donne une signification personnelle de voir dans le taux de participation l’expression de “maturité du peuple”. Le président de la commission de surveillance des élections, qu’on ne peut pas soupçonner de subversion, s’était pourtant formellement plaint, dès 16 heures, au président de la République des “graves dépassements” observés sur l’ensemble du territoire national, avant de tenter, un peu plus tard, de réduire la portée de sa dénonciation. Le coup est parti et le doute sera donc permis au sujet de la réalité des résultats comme au sujet de la participation.

Mais même agréé, le taux officiel de participation de 35% traduit un message sans ambiguïté. Celui-ci ne peut être réduit ni à l’effet des appels au boycottage, ni à au discrédit des partis, ni à l’amplification médiatique de l’indifférence nationale qui a accompagné leur campagne électorale.

La qualité de la classe politique elle-même n’est plus en question. Contesté par au moins un électeur potentiel sur deux, c’est le système politique national qui est répudié. La classe politique en compétition n’est que la communauté de prétendants qui convient au système. Maintes fois conduit jusqu’au malentendu, et finalement convaincu que l’évolution ne se fera pas à travers les instruments conçus et manipulés par le système, le peuple n’a pas jugé utile d’accompagner le statu quo indéfini de sa voix.

En interprétant le renoncement des Algériens à leur droit de vote comme l’expression d’un haut niveau d’exigence des Algériens à l’endroit des partis politiques, Zerhouni a voulu détourner le sens de cette massive expression. Car, au contraire, les électeurs, en boudant les urnes, ont indiqué qu’ils savent que les partis qui les appellent à voter n’ont ni le pouvoir de leur garantir le respect de leur voix ni celui de mettre en œuvre les promesses qu’ils leur ont faites. C’est cette situation qui fait de ce qui tient lieu de classe politique de simples candidats à des positions institutionnelles dont l’absence d’influence n’est compensée que par les privilèges qui leur sont attachés, comme le montre le comportement consentant, syndicaliste et absentéiste qui a toujours été observé des membres de l’Assemblée nationale. En concourant à ce genre de charges, ils concourent, en simples figurants, à la maintenance du système.

En tout état de cause, une nouvelle APN est née, qui ressemble, à quelques détails près, à la précédente. Si tel était l’objectif de ces élections, leur mission est accomplie. À condition que les institutions conçoivent que leur existence puisse se poursuivre en dehors de la participation de deux Algériens sur trois.

Si, par contre, il s’agit d’en finir avec le système politique autiste et d’inventer l’État des Algériens, c’est le système entier qui doit changer. En répondant par le silence, les électeurs ont renvoyé la balle dans le camp du pouvoir.

Mustapha Hammouche

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