De la rigidité à la souplesse

Connu pour être plutôt avare en excès d’éloges ou en épanchement flatteurs, Fillon a dû soupeser longuement son épithète d’«historique» pour qualifier les accords passés avec notre pays, notamment ceux ayant trait au nucléaire civil et au domaine militaire, autant dans l’armement que dans celui de la formation.

L’équipe de ministres et d’hommes d’affaires qui l’accompagnent ne sont pour leur part sûrement pas venus en villégiature et ne repartiront pas les mains vides en matière de contrats d’investissements directs, talon d’Achille, du moins jusqu’à hier, du partenariat économique entre les deux pays.

D’ailleurs, le premier ministre français a assorti son appréciation sur la teneur de ces accords et contrats d’une précision de taille, celle d’investissements créateurs d’emploi, ce qui constitue, vu du côté du pays «demandeur», le fondement de tous les appels aux entreprises étrangères.

Donner un contenu concret au qualifiant d’«exceptionnelles» qui accompagne ces derniers temps l’évocation des relations entre les deux pays est un objectif qui semble être parvenu à maturité et avoir atteint le stade de la mise en œuvre effective.

Avec des contrats d’une telle envergure dans leur volet financier, et d’une ampleur dans leur inscription dans la durée, on peut même avancer sans risque d’être démenti par les faits, qu’est atteinte – avec cette visite et la densité des accords qui y ont été injectés – la borne dite «point de non-retour».

Belkhadem, de son côté, n’a pas omis de rappeler la nécessaire dimension sociale qui doit imbiber ces accords de sa charge humaine et leur conférer une empreinte de longévité et ce, par une «circulation plus fluide» des personnes, entendre par-là les problèmes de délivrance de visas.

Il est clair que désormais, avec l’intensification des échanges et la dynamique sans cesse croissante qu’ils ne manqueront pas de créer pour une instauration d’une tout autre façon d’aborder ces mêmes échanges, la manière en soi de se parler et de communiquer va évoluer vers plus de décontraction.

Le moment est probablement venu, et ce n’est pas trop tôt, de se délester des préalables, des arrière-pensées et des reliquats du paternalisme dominant-dominé, et autres travers qui ont insufflé leur chape de blocages pour leur substituer des rapports empreints d’une totale franchise, au sens douanier du terme.

C’est aussi d’un sens politique qu’il faudrait gorger cette franchise, par laquelle chacune des deux parties ne se cachera plus derrière son petit doigt pour décliner qu’elle est venue faire des affaires et l’autre assumera que son intérêt réside dans la même fructification, et c’est ce que le jargon stéréotypé de la diplomatie appelle «intérêt mutuel».

Ce jargon gagnerait à être enrichi par des notions telles que «décontraction» ou «sincère fraternité», notions qui, pour être irriguées de valeurs profondément humaines, n’en sont pas moins éminemment politiques.

A l’«allure» où c’est parti cette fois-ci, les relations algéro-françaises peuvent réellement prétendre au rang de modèle pour la région, autant pour le Maghreb que pour l’ensemble de la Méditerranée.

Nadjib Stambouli

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