Trêve

Les Palestiniens attendent depuis longtemps la conclusion avec Israël d’un accord de paix. Les Américains l’espéraient pour la fin de cette année. Mais c’est tout juste une trêve qui vient d’être conclue. Ce qui veut dire que l’on est loin du compte. Il est vrai que cela confère au mouvement Hamas le statut de partie au conflit, et puisqu’on y est, la reconnaissance par Israël de l’état de guerre, avec toutes les limites politiques que cela implique pour les Israéliens et leurs alliés qui y voient une fin en soi.

Mais les implications sont plus nombreuses avec la restriction géographique à la seule bande de Ghaza, excluant de fait le reste des territoires palestiniens, et encore plus de la direction palestinienne incarnée par l’Autorité palestinienne. A partir de là, les interrogations sont multiples.

Pourquoi une trêve et non pas un cessez-le-feu ? Les guerres ont enseigné avec suffisamment de pertinence les limites de ce concept qu’utilisent les belligérants pour refaire le plein, sans la moindre garantie pour la suite. En d’autres termes, ce n’est pas la paix, même si cela est susceptible d’y mener mais dans une infime mesure. Il a été dit que c’est un échange, soit l’arrêt des tirs de roquettes contre au moins un assouplissement du blocus imposé par Israël à la bande de Ghaza.

Combien de temps durera cette nouvelle trêve, bien qu’une période théorique de six mois a été convenue par les signataires ? Et après, dira-t-on ? Là aussi, les questions sont encore nombreuses, et elles sont toutes liées à ces notions à l’état de guerre, et les moyens d’aller vers la paix, en supposant que les dirigeants israéliens veulent bien y aller.

De nombreuses trêves avaient été conclues par le passé, et elles ont toutes permis à Israël de bénéficier d’un répit, sans rien donner en échange. Celle qui a été conclue mercredi n’échappe en aucun cas à cette règle.

Sauf que comme les précédentes, Israël entend apparaître comme le maître du jeu en désignant lui-même ses interlocuteurs palestiniens, comme il vient de le faire avec le Hamas qu’il diabolisait il n’y a pas longtemps, déclarant même la bande de Ghaza « entité hostile », alors qu’il occupe ce territoire.

En agissant de la sorte, n’est-ce pas aussi une intrusion israélienne dans l’esquisse de débat interpalestinien qui doit réunir incessamment le Hamas et le Fatah, avec ce que les spécialistes de la guerre appellent la technique du balancier, et qui consiste justement à affaiblir ce dernier ? Le Fatah en sait quelque chose, lui qui avait subi d’incroyables pressions pour soi-disant démocratiser les institutions palestiniennes.

Une approche insensée puisque si la direction palestinienne perdait sa crédibilité comme il se disait, c’est à cause du blocage par Israël du processus de paix. On y est encore et toujours, comme les Palestiniens l’ont fait savoir en donnant leur voix au Hamas lors des élections législatives de janvier 2006.

Le jeu est alors brouillé, mais pas pour les Palestiniens qui savent faire preuve de discernement, et cherchant à préserver l’essentiel. Leur unité souvent mise à mal fait toujours peur à Israël. Voilà un fait avéré. Pour ce qui est de la trêve autant ne pas se faire d’illusions.

T. Hocine

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