Les contrefaçons de la démocratie

Au train où vont les choses, il ne restera plus que les peuples du Sud pour crier: vive la démocratie! Pour leur plus grand malheur.

Les démocrates vertueux ont de quoi être tourmentés cette semaine. L’actualité en provenance d’Irlande et du Zimbabwe met à mal bien des convictions. Ce n’est, certes pas, la première fois qu’une version différente des valeurs de la démocratie est «servie» à l’opinion mondiale, il n’en demeure pas moins que ces différentes «livraisons» confortent chaque fois un peu plus l’idée de sa variabilité selon les latitudes. Avant l’Irlande et le Zimbabwe, il y eut la Palestine. La communauté internationale y avait applaudi l’organisation d’élections libres et démocratiques. Sauf que les applaudissements ont duré jusqu’à la publication des résultats. Et là, le ton a changé.

La victoire du Hamas, démocratique ou pas, était inadmissible. Au diable les beaux principes et les valeurs tant clamées de la liberté d’expression! Un peu comme des enfants tricheurs qui, n’admettant pas leur défaite, auraient dit «je ne joue plus». La suite, tout le monde la connaît. Le même scénario vient de se dérouler en Irlande. Les Irlandais ont majoritairement dit non à la Constitution européenne. Ce qui, théoriquement, bloque le processus de la construction de l’Union du Vieux Continent.

Théoriquement seulement, car les stratèges cherchent la parade. On ne va tout de même pas remettre en cause cette belle Union pour «l’idéal démocratique»! Ce n’est pas parce que les dirigeants européens vantent les mérites de la démocratie aux pays du Sud qu’ils vont se prendre au jeu et se piéger.

Alors, on pense à faire revoter les Irlandais. On les accuse d’ingrats. D’avoir profité de la manne européenne pour ensuite venir cracher dans la soupe. C’est que ces stratèges n’ont pas été très vigilants. Dans une version précédente de la Constitution européenne, les Français et les Hollandais avaient aussi dit non.

Ce qui avait forcément bloqué déjà le processus de l’Union. Suite à quoi, une autre Constitution revue et corrigée, allégée et simplifiée allait être servie. Mais cette fois, plus question de référendum populaire. La voie parlementaire est plus sûre. Ce qui fut fait. Les représentants du peuple français ont dit oui là où leurs électeurs ont dit non. Bien d’autres Parlements d’autres pays européens ont suivi l’exemple français et ont ratifié la nouvelle version de la loi fondamentale. Sauf les Irlandais. Leur Constitution nationale est stricte à ce sujet. Référendum populaire obligatoire.

Ce qui a tout faussé aux stratèges de la construction européenne «démocratique». Depuis, il cherchent la formule, la meilleure, pour contourner les règles de la démocratie qu’ils ont eux-mêmes conçues et voulu imposer au monde entier.

Comme ils veulent le faire au Zimbabwe. Pour chasser du pouvoir le «vieux dictateur» qu’est le président Mugabe. Un dictateur qui ne veut pas se laisser impressionner par l’opposition. Un dictateur qui avait osé, dans un passé récent, nationaliser les terres de son pays aux mains des colons blancs. Un dictateur qui doit donc payer son crime de lèse-majesté. Un dictateur qu’on refuse de croire, à 84 ans, n’agir que dans l’intérêt de son pays. Les pauvres Zimbabwéens soumis à son diktat sont pleurés dans toutes les chaumières occidentales. Un Occident qui les aide de toutes ses forces avec ou sans la démocratie.

Comme cela a été fait pour les Népalais où l’assassinat de la famille royale n’ayant pas suffi, les urnes ont finalement instauré la démocratie…communiste. Les exemples de la démocratie à géométrie variable ne manquent pas. Au train où vont les choses, il ne restera plus que les peuples du Sud pour crier: «Vive la démocratie!» Pour leur plus grand malheur.

Oh! comme la phrase du valeureux moudjahid, le défunt Slimane Amirat, prend tout son sens! Lui qui avait dit à propos de l’anarchie des années 90: «Si j’ai à choisir entre la démocratie et l’Algérie, je choisis mon pays». Une phrase à mettre en exergue sur le fronton de la République algérienne. Une phrase à enseigner à tous nos enfants.

Zouhir MEBARKI

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