Le Professeur Mohand Issad à Tizi Ouzou : “La séparation des pouvoirs n’est pas pour demain”

Au cours d’une conférence-débat organisée, hier, à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, dans le cadre d’un colloque initié par le mouvement citoyen sur “La justice et l’impunité en Algérie”, le professeur Mohand Issad, spécialiste en droit international, aura réussi une remarquable plaidoirie pour l’indépendance de la justice en Algérie et la défense des libertés démocratiques.

“Pour moi, le fait d’exiger un État de droit en Algérie est un non-sens, car un État est censé garantir le droit dans tous les domaines, que ce soit la justice, l’école, le culte, la santé, le travail et toutes les libertés démocratiques”, devait marteler le professeur Issad devant une assistance nombreuse où l’on notait la présence des délégués du mouvement citoyen, de Abdelhak Bererhi, ex-ministre et représentant du CCDR (Comité des citoyens pour la défense de la République), le moudjahid Si l’Hafidh, ex-officier de l’ALN, et Saïd Doumane, l’un des pionniers du Printemps berbère du 20 avril 1980. “Dans un pays, il ne faut pas qu’il y ait d’amalgame. Ou il y a un État ou rien.

En Algérie, dit-il, la Constitution garantit toutes les libertés mais malheureusement, la réalité est tout autre car la séparation des pouvoirs n’est pas pour demain”, dira Mohand Issad qui estime que la justice n’est guère indépendante. “Lorsqu’on condamne une jeune Algérienne à Tiaret, à qui l’on reproche de pratiquer une religion autre que l’islam, j’estime que la Constitution est bafouée et que la République est réellement fragile dans notre pays.

Depuis la nuit des temps, l’islam n’a jamais été inquiété par les autres communautés religieuses en Algérie, même du temps où il y avait des Pères blancs, des Sœurs blanches et des missions protestantes ; ce n’est pas aujourd’hui que ces communautés minoritaires pourraient menacer l’islam. L’Algérie a pourtant ratifié toutes les conventions internationales relatives aux libertés démocratiques, mais la réalité est tout autre et le procès de Habiba de Tiaret est une grave atteinte à la liberté de culte en Algérie.

Toutes les télévisions du monde ont malheureusement désigné du doigt notre pays, l’Algérie”, dira encore le Pr Issad qui regrettera, au passage, toute cette campagne orchestrée durant ces deux derniers mois contre une prétendue avancée de l’évangélisation en Algérie, et plus particulièrement en Kabylie. “Les véritables problèmes actuels de l’Algérie résident surtout dans la lutte contre l’intolérance, la réhabilitation de l’école, l’indépendance de la justice, le droit au travail et au logement, mais aussi le respect des cultes comme le stipule notre Constitution.

Contrairement à ce que certains pensent, la laïcité consiste à respecter toutes les religions et non les interdire ou leur faire la guerre. On veut faire la guerre à une toute petite communauté chrétienne et j’imagine alors l’ampleur d’un conflit de religions s’il y avait chez nous beaucoup plus de communautés religieuses comme dans certains pays”, dira encore le Pr Issad qui regrettera aussi la genèse des évènements de Berriane, qui renvoient, dit-il, à une époque qu’on croyait révolue et qui estime enfin qu’“un pouvoir compétent, honnête et intègre doit réhabiliter la justice et rétablir la confiance des justiciables”.

Dans les pays civilisés, dit-il, les citoyens font rarement appel dans les affaires de justice car ils ont réellement confiance en leur justice, ce qui n’est malheureusement pas encore le cas chez nous en Algérie, conclut le Pr Issad au colloque sur “La justice et l’impunité” qui a prévu d’autres conférences-débats animées, entre autres, par Mohamed Benchicou, Malika Matoub, Belaïd Abrika, Md-Saïd Mezil, Me Hocine Zahouane et Me Boudjema Guechir.

M. HOCINE

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