DOMINANTS ET DOMINÉS DANS L’ESPACE MÉDITERRANÉEN
La Méditerranée peut-elle fournir l’eau pour mijoter la sauce dans laquelle nous serons mangés ? Bien sûr ! Nous avons toujours été mangés dans une sauce salée à l’eau de cette mer de la colonisation romaine à celle de la France en passant par les périodes difficiles et déjà oubliées de toutes les autres tentatives espagnoles mal réussies d’occuper nos villes — n’est-ce pas, amis de l’ouest ? — en passant par la période ottomane ou l’accueil des flux des réfugiés andalous après la Reconquista d’Isabelle la Catholique.
C’est un truisme de le dire, il reste nécessaire de le répéter. Aujourd’hui plus que jamais, alors qu’on nous propose des rapports d’un partenariat dans l’Union pour la Méditerranée. Pardonnez- moi de ne pas croire à des partenariats sincères entre Etats dominants et Etats dominés.
Cela ne peut exister du fait même de cette relation. Quoi que vous fassiez, un Etat dominant — et à plus forte raison quand il s’agit d’un ensemble dominant comme l’Union européenne — jouera le rôle de pôle structurant. Les pays dominés sont dans cette situation de dindon de la farce dans tous les cas de figure qu’ils acceptent ou refusent ce partenariat. Sauf, sauf bien sûr, s’ils s’attaquent à la domination elle-même.
A ses sources et ses bases idéologique, politique, économique et matérielle. Nous sommes constamment face à cette quadrature du cercle. La seule attitude conséquente est de dire non à ces projets européens. Clairement, nettement, sans fioriture. Car, dès que vous mettez le doigt dans les négociations, vous êtes déjà perdant.
Nous étions face à la rive nord, nous voilà face à toute l’Europe unie derrière des buts et des stratégies concoctées dans le secret des commissions y compris la stratégie de donner à Israël le statut de membre associé avec tous les privilèges de membre à part entière par sa participation à tous les groupes de travail, toutes les réunions et toutes les projections stratégiques de l’Europe.
Un député français élu au Parlement européen demande des éclaircissements sur cette affaire. Même si les Etats arabes du Sud s’entendaient entre eux, ils ne s’entendraient que sur le principe de mener un monde arabe divisé face à une Europe unie avec un Etat d’Israël présent deux fois : en tant qu’Etat autonome et en tant que 28e Etat occulté de l’Union Européenne.
Contre cette option du refus d’entrer dans un engrenage maléfique, on m’oppose souvent le danger de l’isolement et l’exemple de Sadam Hussein. Mais c’est en entrant dans cet engrenage que l’Etat algérien va s’isoler et devenir incapable de résister aux pressions extérieures.
Les gens oublient que S. Hussein s’est précisément isolé quand il est entré dans les jeux et les stratégies des USA et de l’Europe et que les plus hauts responsables le poussaient dans la guerre avec l’Iran dévastatrice pour les deux pays. Et qu’ils lui expliquaient que l’hostilité de la presse et les procès en droits de l’homme, en dictature, etc.
C’était pour amuser la galerie. Exactement ce que vont faire les deux émissaires de Sarkozy à Damas : expliquer à Bachar Al-Assad ce qu’on avait déjà expliqué à S. Hussein. Et qu’on nous expliquera à notre propre Etat, un de ces jours, à propos des demandes d’autonomie. Ce n’est qu’une question d’opportunité et de moment.
MOHAMED BOUHAMIDI