Je suis un algé…rien de vingt-cinq ans

J’ai vingt-cinq ans. Je n’ai rien compris à ce pays. Le fondamental m’a abruti et a fait de moi une étrange créature doutant même de ses propres capacités. J’ai vingt cinq ans. L’âge des rêves, des roses, des douces amours, diriez-vous ! Mais non. Je ne rêve plus. A force de rêver mes rêves sont devenus chimères irréalisables. Les roses ? existent-elles ? encore plus les amours ?

J’ai vingt cinq ans. Licencié. Chômeur. Toutefois je daigne demander du travail à ce chef de chantier ou celui-là. Je bricole pour éviter les cinquante-dinars-honte que mon géniteur, qui ne cesse d’injurier ce bled et ses dirigeants et ses propres rejetons, me jette par moments. Ce n’est pas facile d’être jeune. Chômeur de surcroît. Les aînés te haïront pour ta soi-disant fainéantise et les petits seront ennuyés par ta présence quasi permanente.

J’ai essayé comme tout le monde, mais semble-t-il comme beaucoup, la chance-vous diriez Mektoub-, n’est pas de mon côté. Il fallait partir, quitter ce bled, me suis-je dit un certain temps de fièvre négativement positive. J’ai poursuivi des démarches auprès des universités françaises. Accepté et ayant plusieurs avis favorables parce que bon cursus, le consulat me refusa ma demande de visa formulée pour la troisième fois malgré l’endettement des premières.

Refoulé, je refoule mes déceptions, n’osant plus brader mon diplôme périmé faute d’expérience exagérément exigée. Lorsqu’on est fraîchement diplômé on nous exige de l’expérience. Comment avoir cette expérience ? Qui sait. Refoulement généralisé. Il fallait alors tricher. Je veux dire trafiquer. Je ne l’ai pas fait, pas parce qu’il ne fallait pas, mais par peur des représailles. Faux et usage de faux ont été culpabilisés puis jugés quelques amis.

Ainsi avec toutes les déceptions et refoulements en cumul, je suis devenu comme tous les algé…riens un suicidaire potentiel, un terroriste potentiel, un harraga potentiel, et ajoutant à tout ceci un obsédé sexuel. Sachant que je ne pourrais jamais satisfaire ma libido d’une manière légitime qu’après des années de retard. Etant sérieux je ne pourrai être sérieux.

J’ai vingt cinq ans. Je n’ai jamais voté de ma vie. Je m’enorgueillis souvent de ce fait croyant que j’ai bien fait parce que je n’ai rien compris à ce bled. En fait mon abstention n’en profite qu’à ceux qui ont fait que je ne comprenne rien à ce bled.

Ma devise était toujours : ne nage jamais où l’eau est floue. La chasse à la chaise est devenue systématiquement organisée dans une anarchie extraordinaire pendant laquelle on devient amoureux du peuple et pendant la quelle les fausses promesses, avec lesquelles on nous asperge depuis même avant la soi-disant Indépendance, fusent. Vous me diriez que ces paroles deviennent litanies. C’est vrai. On nous pousse à répéter les mêmes mots parce que rien n’a changé.

Dans l’ère d’Internet, et d’autres choses que je ne connais qu’à peine, on nous promet et assure que l’eau sera disponible. Assurance faite par les mêmes têtes qui occupent nos postes de responsabilités depuis des bailles.

J’ai honte à leur place. Mais que fera ma honte devant les ghita et les bedirs imbéciles, les youyous idiots et les applaudissements de mes frères algé…riens. Je déteste le bendir et la ghita au chant desquels je dansais comme un forcené lors de nos fêtes, les vraies. Je déteste les youyous parce qu’utilisés n’importe où, à n’importe quel moment, pour n’importe quel débile et imposteur.

En 2007, le langage n’a pas changé, les promesses aussi et les têtes non plus. Voici donc notre folklore politique

Ainsi, à vingt-cinq ans, je suis un raté politique, culturel, professionnel…oserai-je parler, ne serait-ce par simple orgueil, des autres domaines ?

Noufèl

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