Palestine : urgence d’une solution
Il faut bien le constater : après plus d’un demi-siècle de résistance de toutes formes, il a fallu qu’un parti islamiste sente que l’heure de la prise de pouvoir approche pour que les Palestiniens plongent dans une guerre fratricide.
L’accord de La Mecque a imposé une trêve qui n’a pas pu dissimuler le problème de fond : le contrôle des moyens militaires et policiers de l’embryon d’État que constitue l’Autorité palestinienne. Le partage électoral du pouvoir, en donnant un poids presque égal au Hamas et au Fatah, n’a pas vraiment tranché la question de la prépondérance entre les deux tendances politiques et a, en quelque sorte, imposé une prolongation de la confrontation sur le terrain. Jusqu’ici, le président Abbas s’essayait à “gérer” l’hégémonie du Hamas qu’il escomptait passagère, soutenu en cela par le refus de la communauté internationale, celle dont l’aide est la plus substantielle, de tout contact avec un pouvoir islamiste. Mais, il semble qu’il ne pourra pas faire l’économie de législatives anticipées, dont le bon déroulement n’est, au demeurant, plus garanti.
La lutte pour le pouvoir qui, souvent, constitue l’épilogue de révolutions a pris une allure sanglante bien avant que l’État palestinien n’ait été acquis. En explosant aujourd’hui, elle aggrave les conditions actuelles déjà défavorables à la cause palestinienne : des guerres plus meurtrières retiennent l’attention de la communauté internationale ; elle met aussi en veilleuse la question du processus de paix avec Israël.
Bill Clinton a, un jour, fait état d’une crainte perçue chez Yasser Arafat au moment où il fut question de signer un accord de paix sous l’égide de l’ancien président américain. On peut se demander, a posteriori, si la surenchère islamiste n’avait pas fini par effrayer le vieux militant qui aurait préféré l’unité dans la guerre à la déchirure dans la paix. Israël avait, et a, donc la partie belle : la montée de l’islamisme joue pour lui. Son refus de choisir entre les options de la lutte armée et de la paix négociée convient parfaitement à l’État hébreu. Il lui permet d’éprouver toujours plus cruellement la population palestinienne par l’isolement, la misère et la répression et de faire paraître les Palestiniens comme la partie qui a l’initiative de la violence.
Avec l’introduction des méthodes d’al-Qaïda dans les territoires occupés, et notamment à Gaza, certains groupes facilitent la tâche à ceux qui veulent assimiler le combat national palestinien au mouvement terroriste islamiste transnational.
La communauté internationale, si elle continue à accompagner la détérioration de la situation politique en Palestine, prendra la responsabilité d’offrir une base de plus aux projets d’al-Qaïda.
Il serait dangereux que le droit des Palestiniens ne doit pas être submergé par les affrontements idéologiques. Le monde arabe devrait cesser de voir dans la question palestinienne une cause qui ne sert qu’à légitimer leur rigidité politique. La communauté mondiale devrait cesser de pousser au suicide les victimes d’une injustice historique. Tous deux devraient mesurer l’urgence d’une solution.
Mustapha Hammouche