Concierge et mimosas
Excepté la pièce théâtrale du regretté Rouiched qu’on passe de temps à autre à la télé, on ne voit plus depuis belle lurette évoluer en chair et en os un… concierge. Une fonction importante mais qui n’existe plus faute de… conciergerie, après l’offensive historique chez nous de l’«irréversible» socialisme. Le concierge céda la place au «syndic», une fonction dont l’autorité était agréée mais qui fut aussi prompte que l’UPM à s’évanouir.
Depuis, les cités algériennes, leurs immeubles, leurs espaces verts se trouvent livrés pieds et poings liés à une dégradation que hâte le vandalisme de nos diablotins d’ychachras. Ceux qui sont plus âgés, c’est-à-dire les adolescents, dégradent moins les bâtisses que leur propre santé puisqu’ils se contentent d’accaparer les entrées d’immeuble pour en faire des fonds de commerce sinon des mahchachas. Nos cités se distinguent par beaucoup de bruit, beaucoup de saleté, beaucoup d’incivisme et une regrettable absence des autorités compétentes.
Après que le patrimoine immobilier eut changé de mains au profit des particuliers, personne ne se charge de la maintenance des immeubles devenue pratiquement inexistante. Et on ne peut que regretter le fait qu’aujourd’hui l’Algérie trouve toujours des difficultés pour parvenir à une gestion correcte de son parc immobilier.
Est-il logique de consacrer près de 20 milliards de dollars pour le financement du logement, soit la moitié du montant de la dette qui fit plier le genou à l’Algérie, pour en fin de compte laisser péricliter sans soucis des réalisations coûteuses en argent et en émeutes ? Le séminaire international sur la gestion immobilière, clôturé mercredi dernier à Alger, a mis l’accent sur la prise en charge de la question de la gestion immobilière.
Les intervenants soulignaient ainsi la création de structures de gestion et l’introduction de textes juridiques appropriés. Un processus de réforme que l’Etat est prêt à accompagner, assurait le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem.
Ainsi, les recommandations du séminaire sur la réglementation régissant la gestion immobilière, le financement de la gestion immobilière, la copropriété, la préservation du patrimoine immobilier, l’entretien et la maintenance du patrimoine devraient fortement inspirer le département de l’Habitat lorsqu’il faudra élaborer les textes devant codifier la gestion immobilière.
Après l’engagement de se débarrasser à jamais des bidonvilles, il faudra bien penser à en finir un jour avec les cités-dortoirs et, pourquoi pas, à renouer avec le voisinage des mimosas. Bien que feu Rouiched préfère, à coup sûr, le jasmin.
Mohamed Zaâf