L’Union pour la Méditerranée ou la grande désillusion

Qui peut encore accorder une once de crédibilité aux promesses d’Israël?… Il faut arrêter de croire que tous les Arabes sont dupes.

Le fait saillant de la semaine est, sans conteste, pour nous le mini-sommet arabe qui s’est tenu en Libye pour débattre de l’Union pour la Méditerranée, dont l’acte fondateur est prévu dans quelques semaines à Paris.

Un projet dont l’initiative revient au président français, Nicolas Sarkozy. Un projet qu’il veut aussi mener au pas de charge. Annoncé en 2007, lors de sa campagne électorale pour la présidence française et qu’il veut voir concrétiser en 2008 au cours d’un Sommet dont il a arrêté la date pour le 13 juillet à Paris. Un projet qui, a l’origine, devait regrouper les seuls pays des deux rives de la Méditerranée.

L’Union européenne et l’Allemagne en particulier, a vivement réagi en rappelant l’esprit communautaire qui devrait animer tous les pays membres dans tous projets qu’ils sont amenés à défendre. Concession de la France devant cette levée de boucliers, le projet change d’intitulé pour devenir «Union pour la Méditerranée».

Mais au-delà de l’intitulé et de quelques principes «généreux» de paix, de développement et de coopération, personne ne connaît le véritable contenu et les objectifs d’une telle union. Il est même à se demander si Sarkozy lui-même en connaît les détails. Sollicité à plusieurs reprises par les médias, il n’a, jusque-là, jamais été au-delà des généralités. Avec l’argument simple, pour ne pas dire simpliste, que le projet sera ce que les participants en décideront. On ne peut être plus vague et plus flou. D’autant que le projet se veut remplacer le Processus de Barcelone dont tout le monde a admis l’échec.

La seule chose qui est claire parce qu’elle va de soi, est que le projet inclut forcément Israël en tant que pays riverain. Théoriquement, le projet fera asseoir autour d’une même table l’Etat juif avec les pays arabes de la rive Sud de la Méditerranée.

Des pays dont la majorité n’a pas de relations diplomatiques avec Israël. Par ce biais, c’est la reconnaissance d’Israël de facto par tous les Arabes de la rive Sud qui est recherchée. Une façon de leur forcer la main collectivement. Et de tenter de faire voler en éclats toutes les conditions qu’ils ont toujours posées à Israël avant d’envisager une quelconque relation. Dans ces conditions, on retrouve le retour aux frontières de 1967. Le respect et l’application des résolutions de l’ONU concernant le problème palestinien, sans oublier le statut de Jérusalem dont Israël a fait unilatéralement sa capitale.

Le projet de Sarkozy présente tous les avantages d’une «lessive» à même de «blanchir» Israël de tous les points noirs évoqués ci-dessus et bien d’autres encore et de l’amener, comme si de rien n’était, à prendre langue avec la partie «Méditerranéenne» des pays arabes jusque-là réticents. Pour ensuite, d’étape en étape, aller vers une normalisation avec eux au détriment des souffrances et revendications des Palestiniens et des Syriens spoliés du plateau du Golan.

Dire comme certains voudraient le faire croire qu’une telle normalisation permettra justement de faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient est d’une affligeante naïveté. Qui peut encore accorder une once de crédibilité aux promesses d’Israël quand on fait redéfiler les discours tenus par les dirigeants de cet Etat tout au long des soixante années de son existence? Des discours à l’opposé de ses actes. Que de négociations ont eu lieu! Que de processus de paix ont été engagés! Le dernier, celui d’Annapolis, se déroule en même temps que l’implantation de nouvelles colonies qu’Israël mène avec une rare arrogance dans des territoires inscrits au dossier de ces pourparlers.

Il faut arrêter de croire que tous les Arabes sont dupes et peuvent faire confiance à un Etat qui a toujours dit une chose et fait son contraire. A un Etat qui cache toujours son arsenal nucléaire même s’il est devenu un «secret de polichinelle» et, plus grave encore, au mépris de tous les traités internationaux.

Les Arabes, voire les Européens, qui seraient tentés d’adhérer et aider cette Union pour la Méditerranée à voir le jour, s’engageraient dans l’inconnu. Un inconnu dont personne ne peut jurer, qu’à la clé, il y a aura la paix. A Israël de prouver le contraire!

Zouhir MEBARKI

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