LA PETITE LEÇON LIBANAISE
Ehud Olmert a souhaité engager des négociations avec le Liban. Pour un observateur d’une intelligence moyenne, cela signifie immédiatement deux choses. Renvoyer aux calendes grecques l’évacuation des fermes de Chebaâ en donnant l’impression de vouloir régler le problème. Mieux, en donnant l’impression qu’on est en train de le régler et que le monde s’occupe de ce qui n’est pas en cours. C’est exactement le rôle que font jouer Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne à Mahmoud Abbas.
Une petite réunion de temps en temps, des déclarations qui affirment que les choses avancent et les opinions publiques restent sur l’idée que cela bouge, que c’est en train, que cela va arriver, que ce n’est plus qu’une question de jours pendant que les colonies modifient profondément le terrain, ne laissant plus aujourd’hui de base territoriale à un Etat palestinien. Condoleezza Rice invoquera ces réalités du terrain pour réduire encore plus les faibles prétentions de M. Abbas.
Les Libanais ont répondu sèchement à Israël : sortez d’abord de nos terres, donnez-nous les plans des mines que vous avez semées et après on discute de la paix. Car la deuxième chose que cet observateur moyennement intelligent ne peut pas rater est qu’Israël veut négocier précisément pour ne pas appliquer la résolution du Conseil de sécurité.
Et vous me laissez dix mètres ici, et vous me laissez deux mètres là-bas et si vous n’êtes pas d’accord pour ici ou là-bas, nous avons besoin d’un autre lot ailleurs, et ainsi de suite. Cela peut durer des années. Comme avec les autres pays. Mais Chabaâ, c’est quand même un peu spécial.
C’est un véritable château d’eau naturel et Israël pille cette ressource sans vergogne et en violation du droit. J. Solana en fera-t-il la remarque à Israël dans des termes assez clairs ? Non ! L’Union européenne pense plutôt à désarmer le Hezbollah et à punir la Syrie pour ses choix. Sarkozy fera-t-il la moindre remontrance à Israël ? Pas du tout.
Au cours de son voyage au Liban, qu’il a laissé sous les bombardements, en demandant au ministre israélien du Tourisme, en tournée en France, de combien de temps Israël avait besoin pour terminer son travail, il n’a pas dit un mot sur les fermes de Chebaâ. La proposition israélienne est de garder son hégémonie sur toutes les ressources en eau de la région. Le Liban l’a compris et l’a fait savoir clairement. D’abord l’application du droit international. Après, on peut discuter. Le plus petit de la région n’est pas celui qu’on croit.
MOHAMED BOUHAMIDI