Parole
Le mutisme et la méfiance sont érigés en règles de gouvernance, en dehors des communiqués officiels destinés à véhiculer la bonne parole qui rassure le bon peuple.
“Gouverner, c’est prévoir”, dit l’adage. Mais gouverner aujourd’hui, c’est aussi bien communiquer. Ou communiquer tout court. Le dérapage professionnel que viennent de commettre deux agences au sujet de l’attentat de Bouira nous ramène encore à cette inamovible équation qui a la coquetterie de nous jouer des tours pendables depuis fort longtemps.
Car, ces deux agences, au lieu de les clouer au pilori, n’aurait-il pas été plus raisonnable de se demander pourquoi en sont-elles arrivées là. La réponse coule de source : c’est précisément l’absence de communication, sécuritaire ou autre d’ailleurs, qui pousse le journaliste à se rabattre sur des sources aléatoires pour avoir l’information avec le risque de se faire manipuler.
Nous ne le répéterons jamais assez : nos institutions sont muettes comme des tombes et leurs responsables des sourds-muets. Le mutisme et la méfiance sont érigés en règles de gouvernance, en dehors des communiqués officiels destinés à véhiculer la bonne parole qui rassure le bon peuple. C’est là une vieille façon de faire de la communication, alors que nous vivons au siècle des NTIC.
D’aucuns diront qu’il existe un porte-parole du gouvernement. Mais pour le peu qu’il dit chaque semaine, c’est plus un porte-silence, car ses interventions sont limitées à des aspects techniques en rapport avec l’ordre du jour du gouvernement. Ce qui nous éloigne des préoccupations du journaliste qui a besoin d’éclairages sur les questions politiques, sécuritaires, économiques, etc.
En particulier dans un contexte politique, comme celui que nous connaissons actuellement gros de moult interrogations. D’où la nécessité, voire l’urgence d’une instance pour véhiculer le message de l’État. À défaut de quoi, ce sera la loi de la rumeur et de l’intox et les dommages collatéraux qu’elle engendre inévitablement. C’est dire qu’en politique la parole est d’or.
N. Sebti