Little big summit

Pour avoir vendu précocement le poisson dans sa Méditerranée, Sarkozy risque de voir cet été son 14 juillet assombri. Hier, le leader libyen Mouammar Kadhafi tenait des propos qu’on pouvait supposer déplaisants pour Sarkozy et sa suite mais qui venaient comme un baume au cœur d’une bonne partie de nos peuples dans le monde arabe et en Afrique.

Kadhafi ne mâchait pas ses mots à l’ouverture à Tripoli du minisommet arabe pour souligner notre appartenance à la Ligue arabe et à l’Union africaine et avertir que «nous ne prendrons, en aucun cas, le risque de déchirer l’unité arabe ou africaine. Il faut que nos partenaires (européens) comprennent bien cela». Le colonel trouvait bizarre que l’Europe préfère traiter avec un petit groupe de pays plutôt que d’avoir à le faire avec la Ligue arabe ou avec l’UA.

«Nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu’ils nous jettent des os», disait-il, méprisant les projets économiques miroités aux pays de la rive sud de la Méditerranée par l’UE. A quels résultats pourrait parvenir un sommet qui connaît un tel départ sinon à aider à rétrécir un peu plus les ambitions de l’Elysée, déjà forcées à une révision à la baisse par l’UE ?

Autre signe défavorable à l’UPM : le roi Mohamed VI du Maroc peut-il se permettre de s’absenter de la réunion de Tripoli et être présent à celle du 13 juillet à Paris ? Et y aura-t-il seulement un ou deux chefs d’Etat de la rive sud qui seront absents pour ne pas avoir à figurer dans la photo souvenir aux côtés des Israéliens, massacreurs de Palestiniens ?

Car le jour même où s’ouvrait le sommet de Tripoli, le Premier ministre israélien Ehud Olmert entamait des consultations dans l’éventualité d’une offensive d’envergure contre la bande de Gaza. Un territoire où l’armée sioniste s’en donne à cœur joie en y conduisant des attaques quasi quotidiennes, souvent meurtrières, en plus du blocus inhumain qu’elle y impose. Gaza n’est pas la seule anomalie dans l’UPM voulue par Sarkozy bien qu’elle se présente comme une union contre nature.

La Syrie, dont le Golan est toujours occupé, s’assoirait-elle à la même table qu’Israël, elle qui mène aujourd’hui des négociations indirectes avec lui ? Beaucoup d’éléments donnent raison à Kadhafi lorsqu’il affirme que l’UPM est un «projet passager» voué à l’échec. Un caprice mal pensé jusqu’à ses projets économiques puisque, apparemment, les financements ne sont pas prévus alors que l’Europe, plus que jamais proche de ses sous, préfère parler de l’argent issu des revenus pétroliers.

D’autres décident pour nous ce que nous devons faire. Quant à nous, en bons «dindons», nous devrons nous contenter de financer les projets et de les réaliser sous la conduite de la rive du nord et plus haut. Alors pourra être lancée consciencieusement l’UPM. Le problème palestinien, lui, se déroulerait peut-être aux alentours du… Danube.

Mohamed Zaâf

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