L’urbanisme, passage obligé
Pour peu qu’ils soient suivis d’effets et de l’application des mesures édictées à l’issue des travaux, l’on voit un regain d’intérêt pour des rencontres d’analyses sur tel ou tel volet, à l’image du séminaire sur la gestion immobilière. Il serait présomptueux de prétendre comprimer en quelques lignes les communications et thèmes abordés, eux-mêmes fruits de décennies d’accumulation de recherches et de savoir sur l’immobilier et l’habitat.
Vaste est le panel du sujet, mais contentons-nous d’un aspect, au demeurant abordé par le premier ministre dans son allocution d’ouverture, en l’occurrence l’urbanisme. Le récent vote d’une loi pour achever les constructions et ainsi mettre un terme à ces verrues grisâtres qui souillent tous panoramas d’entrée des villes pourrait contribuer dans une certaine mesure à atténuer ce cancer esthétique qui fait honte à tout le monde… sauf aux propriétaires de ces éternels chantiers.
Mais ce n’est là qu’un pan des désastres urbanistiques qui gangrènent la configuration de la cité algérienne, où les milliers de parvenus sont venus injecter leur inculture architecturale dans des bunkers hideux pompeusement appelés «villas», qui se résument à un amas de cubes sans jardin ni balcon surplombant l’inévitable supérette ou le dépôt de marchandises de gros.
Pour le masochiste qui ose s’aventurer à s’élever pour avoir une vue panoramique sur nos villes, s’offre à lui un anarchique enchevêtrement de ruelles avec des bâtisses récemment édifiées, jurant avec le concept même d’harmonie, avec des carrefours d’impasses et des venelles qui ne mènent nulle part, si ce n’est sur des hangars érigés sur les emplacements prévus pour les espaces verts.
En fait, ces nouveaux quartiers où se pavanent les nouveaux riches ne sont que des bidonvilles, la misère en moins et la vantardise en plus. C’est par cela que s’entame la gestion immobilière, et après, et seulement après avoir remis un peu d’ordre dans ce capharnaüm urbanistique, que peut être entamée l’étape d’une autre remise en ordre, celle de l’harmonisation dans le fouillis réglementaire et l’incroyable nombre de modes et de méthodes dans un secteur qui compte, par-dessus le marché, autant d’organismes que de canevas de gestion immobilière.
Dans cet imbroglio, et c’est justement le but du colloque, il faudrait s’atteler à unifier sur un socle national commun toute la gestion immobilière (le mode de l’AADL est présenté comme éventuel modèle) pour mettre au clair notamment les droits et devoirs dans la copropriété. Mais on a beau mettre en place les plus pertinentes et efficientes méthodes de gestion, elles seraient de la même utilité qu’un cautère sur une jambe de bois si un grand coup dans la fourmilière n’est pas donné avec fermeté et vigueur, pour qu’enfin on puisse dire «plus jamais ça».
Et ne disons surtout pas qu’il est trop tard. Il suffit de tout raser et recommencer sur des bases esthétiques et d’harmonie urbanistique viable, si ce n’est pas trop demander aux parvenus.
Nadjib Stambouli