Le retour du politique

Il est certain que, dans la gouvernance nationale, depuis des années, il y a une inflation et une profusion de textes législatifs et réglementaires, des discours non dénués de contradictions entre eux et dans un temps réduit.

La diatribe officielle est énorme, comparée au respect des lois, des délais et à l’autorité de l’Etat que détourne un vulcanisateur de quartier pour ériger son commerce et avaler de l’espace public sur de grands boulevards, dans toutes les villes, au vu et au su de toutes les autorités et des forces de police. La dégradation accélérée du cadre urbain est définitive, à moins de tout démolir. Ce qui n’est plus faisable. En attendant de mesurer le gâchis dans quelques années.

Les structurations-restructurations du tissu industriel, sur le papier, les scénarii pour dynamiser l’agriculture, la farce à répétition pour «faire revenir» les milliers d’experts, de chercheurs, d’enseignants et de médecins partis pour l’étranger, ne sont qu’une perte de temps, ou l’art de tourner en rond en énonçant comme une litanie les seules recettes de Sonatrach, le million de logements, en oubliant le fiasco Ousratic, les réformes perdues dans les sables.

A l’évidence, tout est remis en circulation dans les labyrinthes des administrations, dont les responsables, petits et grands, sont suspendus au téléphone, à l’ordre d’exécution et à des sursauts sérieux que la jeunesse n’attend plus, ayant opté pour la violence aveugle, le repli religieux par le costume et la longueur de barbes venues d’un ailleurs marqué par le sang, le terrorisme et les deuils à l’infini, et les manipulations de l’islam par les gouvernants.

Le statu quo mortifère qui imprègne le fonctionnement des partis, le Parlement et les ministères qui redoublent d’annonces pour occuper le terrain et faire croire que les choses avancent ne trompent plus personne.

Les émeutes désormais intégrées dans la gestion du pays, le terrorisme banalisé, lui aussi constitutif d’une «gestion», ne sont étudiés et commentés sérieusement que par des chercheurs nationaux, des experts étrangers sous l’œil vigilant des grandes puissances dont les regards ne sont braqués que vers le grand Sud et sur la protection des sources d’énergie qui sont pour quelques années vitales à leur développement et au bien-être quotidien de leurs populations.

Les réponses administratives, sécuritaires, et les interdictions de colloques ou de conférences en dépit des libertés accordées par la Constitution, ont atteint leurs limites, devenues indépassables et sans pertinence. Les grondements qui surgissent chaque jour des profondeurs de la société n’ont reçu à ce jour aucune réponse politique qui serait articulée sur une stratégie connue, globale et cohérente, aux plans économique, culturel, sportif, de l’emploi, de la recherche scientifique, d’un tourisme de masse interne et à l’international.

La première réponse politique inévitable à terme se trouve à la base et dans les échelons intermédiaires.

La mairie et la région, leurs prérogatives politiques, donc économiques, culturelles, dans la création de crèches, d’emplois, d’appels touristiques, dans les transports et les loisirs sont les clés de voûte qui responsabilisent les élus et ceux qui votent ou non pour eux. Le centralisme qui cadenasse jusqu’à la nomination du directeur d’une poste, d’un hôpital ou celle d’un recteur, a bloqué gravement le pays, en dépouillant les premiers concernés de la liberté de choisir un maire, un recteur d’université, un représentant syndical…

Si la fermeture tous azimuts était bonne pour les gouvernants, l’économie, la recherche, la culture et le sport dans un pays, les grandes nations l’auraient choisie. Et ils ont des moyens autrement pointus pour se transformer en «big brother» ayant les moyens de sévir et de réprimer les libertés.

A ce rythme, qui peut dire où sera l’Algérie dans cinq, dix ou quinze ans, dans un système opaque, archaïque et surtout incohérent n’ayant dégagé aucune perspective consensuelle, moderne et audacieuse pour les jeunes, les élites et le reste de la population ? Celui qui annoncera
le retour du politique. Dans l’attente, les restructurations annoncées ne sont tournées à l’évidence que vers la privatisation.

Abdou B.

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