UPM : Sarkozy devra choisir entre Israël et les Arabes
La énième mise au point du gouvernement algérien au sujet du projet cher à Nicolas Sarkozy sonne comme un ultime désaveu de toutes les démarches entreprises jusqu’ici par Paris – avec notamment une succession de visites et de rencontres – pour persuader Alger des avantages d’un tel projet et l’amener à s’y engager.
Car, visiblement, il ne manquait plus qu’une promesse des dirigeants de notre pays pour s’assurer du succès à la proclamation officielle le 13 juillet prochain à Paris, puisque tous les dirigeants des autres pays arabes – y compris le président syrien – avaient déjà confirmé leur présence. Mais après cette déclaration, les Français ne doivent plus compter sur l’Algérie pour s’y lancer.
Impatients, les Français ont toujours misé sur l’effet d’annonce pour vendre une idée née dans l’euphorie des présidentielles françaises de 2007 ; ils savent toutefois qu’aucune perspective sérieuse ne peut être envisagée sans l’implication de la rive sud de la Méditerranée, et sans de vraies garanties à offrir à des partenaires désabusés par tant de formes de partenariat qui leur avaient été proposées, à commencer par le processus de Barcelone, qui était pourtant parti avec des bases plus solides et des perspectives moins astucieuses.
A cela s’ajoutent les réticences exprimées publiquement par les dirigeants de certains pays du Nord, qui redoutent déjà l’étiolement de l’idée d’une Europe politique et craignent, surtout, qu’un recentrage vers la Méditerranée ne puisse se faire au détriment du soutien à apporter aux pays de l’Est…
Autre point d’achoppement sur lequel le projet français risque encore de buter, celui ayant trait à la participation de l’Etat hébreux dans cette nouvelle entité politique aux côtés des pays arabes, comme l’Algérie, qui ne le reconnaissent pas et n’affichent aucune prédisposition à faire des pas dans ce processus de normalisation que les Française tentent d’imposer à l’heure où la politique d’Israël est très vivement contestée dans le monde arabe. C’est dire que la proclamation de l’UPM, dans sa version brouillonne actuelle, risque de connaître de mauvaises surprises…
07-06-2008
Mussa Acherchour