Ce qu’ils disent

Ils disent que l’Algérie a été sauvée grâce à la résistance des citoyens, à la vigilance des travailleurs et au sacrifice de l’armée. Ils en oublient la réconciliation nationale. Qu’ils n’ont pourtant pas rejetée ; c’est le moins qu’on puisse dire.

Pourtant, une fois avalée la pilule de la réconciliation, il n’y a plus de mal à manger avec des terroristes repentis. C’est pour cela, d’ailleurs, la réconciliation, pour partager le banquet de la paix. Réconciliateurs de conviction contre réconciliateurs de compromis et éradicateurs de campagnes ; à nous de choisir.

Ils disent qu’il faut éradiquer la corruption. Mais n’inventent pas encore le moyen de faire en sorte que la politique ne constitue plus le chemin le plus rapide de l’enrichissement, ni ne donnent l’exemple de la transparence.

Ils disent que voter empêche la fraude au lieu de la légitimer, mais n’expliquent pas en quoi la surabondance de bulletins, outils de la falsification redoutée, tarirait paradoxalement l’objet de la manipulation.

Ils disent que la gérontocratie doit céder les affaires à la jeunesse et publient la liste de patriarches qui a vocation à superviser l’alternance.

Ils disent que le Qatar “frère” nous agace avec le relais terroriste télévisuel qu’il entretient, s’honorent qu’une Algérienne qui y active soit promue dans le “top ten” des femmes arabes et consentent à ce que les intérêts qataris s’emparent du second réseau de téléphonie mobile en Algérie.

Ils disent qu’il faut retenir les compétences, mais ne s’émeuvent point qu’un député soit mieux payé qu’un “cerveau” et n’expliquent pas que, même avec ça, ils n’arrivent même pas à retenir leurs élus. À trop s’attendrir sur l’exil des cerveaux, ils en oublient de nous dire comment faire pour retenir les harragas ; est-ce parce ceux-là n’ont que leur vie à emporter et à risquer ?
Ceux d’entre eux qui parlent depuis toujours ne nous disent pas pourquoi tout cela n’est pas encore fait. Ceux qui reviennent cette semaine ne nous expliquent pas pourquoi “une si longue absence”. Tout cela ne nous rassure pas pour le futur. Et justifie que nous soyons si peu à venir les écouter.

Ils ont dit cela et bien d’autres choses, en fait. Surtout comment sauver la république, la nation, le développement, le progrès, les traditions, la paix, l’avenir… Ils ont juste oublié de nous dire comment sauver le plus urgent, le péril immédiat qui menace la quiétude et le confort de tous les foyers et que l’État actuel n’arrive pas à éloigner. Ils ont oublié de nous dire comment comptent-ils, dans un pays qui n’a d’yeux que pour le baril de pétrole, sauver le misérable sachet de lait quotidien. Mais cela, ce n’est peut-être pas un sujet de haute politique.

Et, peut-être trop préoccupés qu’ils sont par notre avenir lointain, en oublient-ils de méditer nos problèmes de tous les jours. Et nous, trop pris par nos urgences bassement quotidiennes, oublions de les entendre.

Mustapha Hammouche

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