Harcèlement
Le nucléaire ou comment s’en débarrasser? Est-ce en l’occurrence le cas devant le deux poids, deux mesures mis actuellement en avant face au (même?) danger que sont supposés faire courir au monde les détenteurs illégaux «d’armes de destruction massive»? Mais dans la conjoncture actuelle, seuls certains Etats semblent intéresser les «gardiens» de l’orthodoxie que sont les responsables de l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea) qui viennent de mettre en demeure l’Iran de s’expliquer sur son programme nucléaire et d’envoyer des inspecteurs en Syrie.
C’est le directeur de l’Aiea, l’Egyptien, Mohamed El Baradei, qui vient d’exiger hier de Téhéran des «explications complètes» comme il a annoncé l’envoi d’inspecteurs chargés de se rendre compte sur place de la présumée existence d’un réacteur nucléaire en Syrie. Affaire qui remonte à septembre de l’année dernière suite au raid israélien contre un secteur du nord de la Syrie soupçonnée de velléité nucléaire.
M.El Baradei fait sans doute son «boulot» qui consiste à traquer les sites nucléaires illégaux ou qui échappent au contrôle de son organisme. Mais, car il y a un mais, nous n’avons pas souvenance d’avoir entendu M.El Baradei sommer Israël de mettre cartes sur table quant à son programme nucléaire. Pire, en voyage en Israël en 2005, le directeur de l’Aiea, interrogé sur le nucléaire israélien, a froidement rétorqué qu’il n’était pas là pour s’enquérir du programme nucléaire de l’Etat hébreu ni si celui-ci se trouve en conformité avec les lois internationales, d’autant plus qu’Israël est le seul pays au monde à n’adhérer ni au TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), ni au Ctbt (interdiction totale des essais nucléaires).
Pourtant, l’Aiea et M.El Baradei ont eu l’opportunité de demander des explications à Israël lorsque le Premier ministre de ce pays a quasiment reconnu en public la détention par l’Etat hébreu d’un arsenal nucléaire en déclarant à la presse à Berlin, où il était en visite: «Nous n’avons jamais menacé un pays d’annihilation.
L’Iran menace ouvertement, explicitement et publiquement, de rayer Israël de la carte. Pouvez-vous dire s’il s’agit du même niveau de menace lorsqu’ils (les Iraniens) aspirent à avoir des armes nucléaires, comme la France, les Américains, les Russes et Israël?» C’était la première rupture, sans doute involontaire par un responsable israélien, du consensus israélien quant au flou autour de leur programme nucléaire. Cet aveu a laissé froid, les grands gardiens du nucléaire: l’Aiea et son premier responsable, El Baradei.
Or, aujourd’hui, Israël, notamment sous le régime dément de Sharon, est le seul pays au monde qui corresponde véritablement à la définition d’un «Etat voyou», disposant d’armes de destruction massive, tel que défini par G.W.Bush dans son «Axe du Mal» à propos de l’Irak de Saddam et de l’Iran. Aussi, quand l’Aiea harcèle l’Iran, veut inspecter la Syrie et fait l’impasse sur ce que fait Israël - dans ce secteur stratégique de la sécurité du monde - il y a comme un défaut.
Et nous serions bien aise que M.El Baradei nous explique, à son tour, comment il conçoit le désarmement nucléaire, pourquoi des pays sont harcelés et soumis à l’inquisition de son agence et d’autres ne sont ni inquiétés, ni obligés de justifier un programme nucléaire qui pourtant, met sérieusement en danger la sécurité et la paix dans le monde.
Karim MOHSEN