Les richesses des pays pauvres
Si les différentes organisations mondiales, dont celles activant sous la houlette des Nations unies, conservent une partie de leur vocation initiale, il n’en demeure pas moins que l’évolution du monde et les conjonctures qui naissent de cette évolution les mettent face à des situations synonymes d’objectifs et de défis qui n’étaient pas forcément les leurs au départ lorsqu’elles étaient nées.
A l’exemple de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture qui se trouve aujourd’hui, et plus que jamais auparavant, impliquée dans une crise alimentaire galopant au rythme d’une épidémie et touchant plusieurs régions du monde. Du coup, la mission de la FAO n’est plus celle qui consiste à prendre en charge les peuples les plus démunis et les plus mal nourris de la planète, mais bien d’autres peuples de pays qui ne soupçonnaient pas de voir un jour le spectre de la famine frapper à leurs portes et déranger leur semblant de quiétude.
Les temps ont bel et bien changé et, aujourd’hui, des phénomènes autrefois insoupçonnés et insoupçonnables font leur apparition et poussent les prix des produits alimentaires vers des altitudes de plus en plus difficiles, sinon impossibles, à suivre et à contrôler, transformant la crise alimentaire en tragédie mondiale que partagent aussi bien les pays qui la vivaient déjà préalablement comme une quasi-évidence, ceux qui la découvrent subitement que ceux qui ont de forts risques de la vivre incessamment et fatalement.
Et c’est dans cette configuration de crise que la FAO entame aujourd’hui un sommet de trois jours à Rome dans l’objectif d’aboutir à un plan d’action qui viendrait à bout de cette situation en passant par une stratégie à même de contrer la hausse des prix alimentaires.
Parmi les mesures à prendre dans cette logique, on évoque déjà une aide financière des pays riches au bénéfice des pays pauvres et qui servirait à lutter contre la hausse infernale des prix des produits alimentaires. Une aide qui, si elle venait à être réalisée, servirait apparemment à subventionner les produits concernés et n’aurait, par conséquent, pas l’effet escompté de venir à bout du véritable problème qui est celui de l’incapacité des pays menacés par la famine à s’affranchir du lourd et incommodant statut d’assistés.
Démarche qui n’a d’autre voie d’aboutissement et de concrétisation que la production at home. Mais la solution de produire pour manger et vivre à l’abri de la famine est-elle matériellement possible pour ces nombreux pays démunis de tout, même des moyens de base pour produire et, au moins, survivre à défaut de vivre ? Absolument pas !
C’est pourquoi les pays les plus nantis de la planète devraient oublier en cette période cruciale leurs fausses inquiétudes d’économie mondiale qui ne poussent pas selon leurs humeurs et désirs et réfléchir à une action réelle qui donnerait le droit à tous ces pays menacés par la famine d’espérer. De nombreux pays ne sont-ils pas devenus aussi riches en exploitant les richesses des pays pauvres et ee ces pays pauvres ne sont-ils pas restés tels parce qu’ils n’ont pas les moyens d’exploiter leurs propres richesses ?
Lyès Ibalitène