Anderlecht - Oran: ballon au centre

«La démocratie périt par deux excès, l’aristocratie de ceux qui gouvernent, ou le mépris du peuple pour les autorités qu’il a lui-même établies.» (Robespierre 1758-1794)

Anderlecht, une commune de la ville de Bruxelles, a vécu, voilà une semaine, en état d’alerte, durant quatre jours, en raison d’un risque d’émeute suite à un match de football. Les services de prévention et de police étaient sur le qui-vive parce que des SMS circulaient sur les téléphones portables des supporters des deux camps.

Au final, il s’est avéré que c’étaient des groupes d’extrême droite qui étaient à l’origine de l’appel à l’émeute. Le dispositif mis en place par les services de sécurité et de police a évité à cette commune du sud-est de Bruxelles de sombrer dans l’anarchie.

Pratiquement, au même moment, la ville d’Oran en Algérie vivait des émeutes destructrices pour les mêmes raisons: un match de football. Faut-il en déduire que les supporters du Mouloudia d’Oran aiment plus leur club, le MCO, que ceux du RC Anderlecht? Pas si sûr. Aussi, la furie qui s’est abattue sur la ville d’Oran ne peut s’expliquer par le seul échec du MCO et sa rétrogradation en deuxième division.

Il y a bien d’autres raisons. Une partie de la presse nationale en a fait état. Chômage, injustice, crise du logement, vide culturel, mal-vie…Ces mêmes raisons qui ont été à l’origine d’autres émeutes à Chlef, Gdyel, Ghardaïa, Tizi Ouzou et ailleurs. Dans chaque ville ou village où se produit une émeute, la raison première est différente mais l’expression est la même: la violence et la casse.

Les gouvernants, de leur côté, estiment que ces émeutes sont un complot monté contre la République par, je ne sais quels cercles ennemis de l’Algérie, pendant que les adolescents et jeunes qui occupent la rue les déclarent coupables de leur misère. Comment les gouvernants n’ont-ils pas compris que le seul antidote aux émeutes est le dialogue et l’écoute de la société? A Anderlecht, tout en mettant les services de l’ordre en alerte, les responsables communaux et régionaux ont mis «en branle» tout le dispositif de prévention constitué par les éducateurs de rue, les animateurs d’associations de quartiers et d’associations culturelles…pour calmer les esprits des jeunes, sensibiliser les parents.

C’est qu’à Bruxelles on a tiré les enseignements des terribles émeutes de 1994 qui sont parties, justement des quartiers pauvres d’Anderlecht et qui avaient fait des dégâts humains et matériels. Depuis, toute une politique dite de «Prévention» a été mise en place.

Les maisons de quartiers avec des animateurs de quartiers se sont multipliées, une police de proximité qui affecte à chaque quartier des policiers qui ont le contact permanent avec les jeunes et moins jeunes, des chômeurs à qui l’Etat offre un contrat dit «de sécurité» et qui, après avoir assuré la sécurité à la rentrée et la sortie des écoles primaires, sillonnent les rues de leur commune signalant aux services compétents les anomalies, incivilités, parlent aux petits commerçants…Une sorte de maillage de la société où le citoyen trouve, quel que soit son problème, une écoute et une réponse à ses interrogations.

La proximité des élus, particulièrement ceux des communes, avec la population, crée un sentiment de confiance et de sécurité chez les citoyens. Avec l’arrivée du beau temps à partir du mois de mai, les fêtes des voisins ont lieu dans les quartiers. Chaque commune choisit son jour où les habitants organisent barbecues et buffets froids sur les trottoirs, devant leurs habitations.

Les gestionnaires de la cité rivalisent d’imagination pour inciter à la convivialité, au contact, au dialogue, à l’écoute. Sans trop de frais financiers. Mais me diriez-vous, pour arriver à ce niveau de dialogue, d’écoute et de réponse, il nous faut de vrais élus, des gestionnaires compétents, une liberté de s’exprimer librement…enfin, une démocratie. Voyons, n’avons-nous pas des partis politiques, une opposition légale, une presse libre, des élections régulières à tous les niveaux? C’est quoi tout ça alors?

M’hammedi BOUZINA

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