“Histoire de ma vie”, de Fadma Aït Maçour, Ou la mise à nue d’une enfance déchirée

Le roman de Fadma Aït Maçour Amrouche intitulé Histoire de ma vie est la mise à nue des faces occultes que subissent les enfants de par le monde. Successivement, des sociétés ont fait leur mue sur le sujet à mesure de leur évolution, mais le cas de millions d’enfants traumatisés reste encore, malheureusement, une terrible et honteuse réalité.

Le cas de Fadma est révélateur de l’intensité du drame. Il est rapporté dans des faits d’une implacable franchise. Fadma est née d’une mère déjà veuve, et c’est là le foyer central d’où fusera son dramatique sort. Le foyer est dans ce que la petite Fadma est perçue fille “illégitime”.

Elle est considérée comme une enfant du mal et du péché. Lorsqu’elle décide d’écrire l’histoire de sa vie, Fadma savait sans doute qu’un tel projet ne pouvait s’accommoder ni se faire qu’en révélant justement toutes les véracités les plus dures à exposer.

Mais cette révélation poursuivait un objectif pédagogique. Son livre, qui dépasse les formes habituelles où l‘esthétique littéraire surplombe l’essentiel, n’est pas à classer dans le registre de la fiction, ni même dans celui du roman autobiographique. C’est un livre déclaratif sous forme de déposition.

Elle se situe et situe tous les personnages ayant entouré et fait son histoire marquée par une enfance profondément offensée. Que serait d’ailleurs une histoire impersonnelle avec des tendances, des arrangements et autres détours ? Une fois l’ouvrage témoin terminé, elle le remet à son fils Jean Amrouche accompagné d’une délicate lettre qui accentue encore davantage la teneur de son témoignage. Le verbe “léguer” qu’elle a utilisé est d’une forte charge mythique.

Dans son sens dénoté, “léguer” signifie offrir ou concéder. Mais dans le contexte de son utilisation, Fadma lui fait porter plutôt la signification de révélation sans aucune forme de confession ni de concession.

C’est avec confiance et certitude qu’elle le destine à la publication afin que son cri d’enfant blessée de douleur et de souffrance soit entendu par le plus grand nombre pour qu’aucun enfant ne subisse le lourd, le cruel et le farouche regard des autres, mais surtout pour que le mot “illégitime” soit banni à jamais.

À partir de son cas personnel, Fadma raconte une commune vie de beaucoup d’enfants maltraités dans le monde. Elle rend aussi un vibrant hommage à son humble et digne mère qui a supporté tout le poids de l’ingratitude humaine.

Elle est à l’image de “la mère” du roman de la célèbre écrivaine anglaise Pearl Buck. Instruite de son expérience, Fadma devient à son tour la mère de deux prodigieux intellectuels mondialement connus : Jean El Mouhoub et Taous Amrouche. C’est alors qu’elle tirera de son histoire un exemple de réussite et d’espoir malgré tout et qu’elle destine à tous les enfants désespérés. C’est cela son objectif pédagogique.

Abdennour Abdesselam

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