LES TROIS MILLIARDS DE DOLLARS DE TEMMAR

Temmar nous étonnera toujours. Il est revenu il y a neuf ans pour nous assener qu’il n’existe pas de secteur stratégique en Algérie et que toutes les entreprises pouvaient être privatisées. Y compris Sonatrach ? C’est exactement ce qu’il fallait comprendre. Il nous l’a dit avec la morgue d’un ministre dominateur qui parlait en expert. Puis il dut déchanter pour ce qui est de Sonatrach. C’est vrai qu’un autre ministre a failli faire mieux : privatiser les hydrocarbures. Mais les deux ont déchanté.

Puis Temmar s’est acharné à nous convertir à la religion de la privatisation pour la privatisation. Nous allions devenir sous son autorité le premier pays à privatiser pour cause idéologique et non pour des causes économiques. Puis au bout de sept ans de règne sur l’industrie et sept ans de régression et de désastres, Temmar s’est enfin aperçu que même sous les lois du libéralisme absolu il fallait une vision, une projection et au moins une planification minimum.

Depuis deux ans, nous attendons le miracle de sa stratégie industrielle. Qui dit stratégie dit secteurs et entreprises stratégiques, ces «choses» qu’il voulait balayer en 2000. Mais enfin, peut-on demander des comptes à M. Temmar ? Entre-temps, à cause de sa religion anti-secteur d’Etat, l’usine Fatia a sombré dans l’oubli. Neuf ans plus tard, et des centaines de milliers de voitures importées grâce au crédit auto, Temmar songe à installer une industrie de l’automobile.

Il le dit devant le Sénat qui ne relève pas que l’Algérie est le seul pays du monde à accorder des crédits à ses citoyens pour faire marcher les usines des autres. Et — tenez-vous bien — devant le même Sénat, Temmar annonce que l’Algérie a importé pour trois milliards de dollars de voitures l’année passée. J’ai lu et relu la dépêche de l’APS en me disant qu’il y avait erreur.

J’ai fait le calcul des 200 000 véhicules importés pour une moyenne de 12 000 dollars et le compte y est si on intègre les 4×4, les camions, les bus et le reste. Trois milliards de dollars ! Qu’est-ce qu’on peut faire avec trois milliards de dollars par an offerts aux constructeurs étrangers. Vous pensez bien qu’une industrie automobile algérienne dopée aux crédits aurait été plus que bénéficiaire.

Pourquoi avoir si longtemps abandonné le projet Fatia ? Quelqu’un peut nous le dire ? Et les mêmes personnes restant à la tête de l’industrie et de l’agriculture ou d’autres mais avec les mêmes idées, vous pensez que quoi que ce soit changera à cette saignée du pays ?

MOHAMED BOUHAMIDI

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