Quel avenir pour la francophonie?

Pendant que les Québécois défendent la langue française dans le monde, celle-ci doit «se serrer un peu» en France pour faire de la place «aux langues régionales».

L’Algérie participera-t-elle cette année au Sommet de la francophonie, le 12e, qui doit se tenir au Québec? Si oui, à quel titre et à quel niveau de l’Etat y sera-t-elle représentée? Le Président Bouteflika qui a reçu, cette semaine, la ministre québécoise des Relations extérieures et responsable de la francophonie qui lui a remis l’invitation, a réservé sa réponse.

A quelques jours d’intervalle, deux autres événements ont eu lieu et qui ne sont pas sans lien avec le développement futur de la langue française. Il s’agit, d’une part, de l’amendement introduit dans la Constitution française et qui ajoute, à la langue française, les langues régionales «reconnues faire partie du patrimoine national».

Le deuxième événement aura été le Colloque international sur l’Emir Abdelkader organisé par le Conseil de la nation. Avant de voir plus loin ce qui lie ces trois événements, il est bon de revenir un peu sur l’histoire et les objectifs de la francophonie ainsi que du récent intérêt que lui porte l’Algérie.

Le premier Sommet de la francophonie a eu lieu en 1986 et s’inscrivait en prolongement de la Convention de Niamey, signée en 1970 sous l’impulsion de trois chefs d’Etat ayant en partage la langue française. Bourguiba pour la Tunisie. Senghor pour le Sénégal et Sihanouk pour le Cambodge.

Il va de soi que le tout était bien sûr soutenu et encadré par la France. Il s’agissait de créer une communauté d’intérêts. Une communauté à laquelle l’Algérie, pourtant 2e pays francophone après la France par le nombre de sa population qui utilise le français, n’a jamais voulu s’associer.
En 2002, le Président Bouteflika brise ce qui était un tabou et participe en tant qu’observateur au 9e Sommet à Beyrouth.

Il justifie la présence algérienne à ce Sommet en déclarant qu’«après avoir été récupérée et renforcée, notre arabité est suffisamment affirmée, pour ne courir aucun risque…l’Algérie a conscience que l’usage de la langue française permet à nos jeunes d’élargir leur horizon, et de participer à l’évolution du monde moderne».

Un sommet placé sous le thème du «Dialogue des cultures». Depuis et toujours, avec le statut d’observateur, l’Algérie est représentée aux rencontres de la francophonie.

Cette année, c’est le Québec, que De Gaulle voulait «libre» et qui vient d’être reconnu en tant que nation par le gouvernement fédéral canadien, qui organise le 12e Sommet prévu du 17 au 19 octobre de cette année.

Pendant que les Québécois défendent la langue française dans le monde, celle-ci doit «se serrer un peu» en France pour faire de la place «aux langues régionales». L’événement n’a pas été passé sous silence mais n’a pas eu non plus un traitement médiatique à longue portée.

Il est vrai que la France n’a rien à voir avec ce que vit la Belgique qui a frôlé l’éclatement avec ses différences linguistiques entre Flamands, Wallons et Bruxellois. Mais la brèche ouverte par l’amendement de la Constitution française, n’exclut pas d’autres étapes qui peuvent, à terme, constituer un risque similaire.

Ce en quoi, l’invitation canadienne recèle cet aspect pathétique de voir l’Algérie venir renforcer la position de la francophonie dans le monde. De cette Algérie dont l’histoire comporte des actes de générosité dont on peut, sans effort, trouver des similitudes mêmes dans des situations différentes. Une de ces similitudes, toutes proportions gardées, est remontée à la surface, cette semaine, lors du Colloque sur l’Emir Abdelkader.

Toute la question est de savoir si, pour la francophonie, le Président Bouteflika agira avec le même élan et dans le même esprit que l’Emir Abdelkader face à la détresse des chrétiens de Damas. Sachant que l’âme d’une communauté dont la langue est partie intégrante, vaut son intégrité physique. Réponse en octobre au Québec.

Zouhir MEBARKI

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It