Le tour d’Algérie des incendies

Quelques éléments similaires entre les émeutes de Kouba à Alger et celles d’Oran laissent à penser que nous nous trouvons face à une nouvelle nature de l’émeute. Ici et là-bas, les manifestants ont ciblé des commerces, des entrepôts, et se sont livrés à des pillages. Scènes ordinaires de toute émeute et ça ne peut être pris pour un élément dominant ou particulier ? Ce n’est pas sûr.

Octobre 88 s’est également déroulé sous le signe du pillage et les gens se souviennent de ces jeunes emportant qui une paire d’Adidas, qui un survêtement pris dans les magasins. A l’époque les pénuries, les manques étaient monnaie courante et il ne semble pas que le pillage avait été prémédité, préparé à l’avance mais qu’il a accompagné les troubles. Et de ce point de vue, les pillages du 5 Octobre 1988 restent tout à fait dans la lignée des insurrections spontanées de la jeunesse à travers le monde.

Les témoignages sur la mise à sac de certains lieux à Kouba attestent que les pillages ont visé des négoces préalablement repérés. Ils attestent aussi qu’ils furent le fait de bandes organisées et pas d’une démarche spontanée. A Oran, ces traits ont été relevés dans les écrits envoyés par les journalistes ou dans les échos recueillis auprès des citoyens. Seules des études de scientifiques, dont un confrère a déploré le silence face à ces phénomènes, pourraient nous en livrer la signification.

Mais sans les attendre, on peut supputer avec beaucoup de crainte que faute de cadre organisé pour la jeunesse et à cause de toutes les entraves que le pouvoir met au libre déploiement des partis d’opposition, les jeunes se sont repliés sur des formes maffieuses d’organisation. Si ce sentiment est justifié par plus de faits, on serait entré dans une société de la désespérance et dans un risque de violence accrue et généralisée.

Beaucoup de signes indiquaient l’imminence et la violence extrême d’une explosion sociale. Les intellectuels ont joué leur rôle prospectif et pleinement. Ils n’ont cessé, à partir de chiffres et de données pourtant parcellaires, d’alerter sur les conséquences catastrophiques des orientations politiques actuelles.

A aucun moment, le pouvoir n’y a prêté attention, occupé qu’il était à renforcer son emprise sur le pays et ses ressources, au point de donner l’impression qu’il souhaitait ces explosions et qu’il préfère gérer le pays par séismes successifs plutôt que de partager la moindre parcelle de son autorité. Il a déjà montré qu’il était prêt à gérer le pays contre les élites et contre ses propres fonctionnaires dans sa gestion des dernières grèves. Veut-il nous démontrer qu’en dehors de lui nous ne ferions face qu’à des bandes criminelles ?

HAMED BOUHAMIDI

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It