Renaissance…
L’élection de Michel Sleimane à la tête de l’Etat libanais, outre d’être de bon augure, ouvre une nouvelle ère dans un pays qui avait sans doute plus besoin de clarifier la donne politique nationale que de poursuivre une confrontation dont les retombées ne pouvaient être que négatives. Michel Sleimane, élu dimanche par le Parlement, semble de prime abord être cet homme dont le Liban avait tant besoin. Souple et en même temps ferme, le président Sleimane a, d’emblée, tracé les lignes du débat et mis l’accent sur les sujets qui fâchent, mettant face à leurs responsabilités les hommes politiques de quelque chapelle qu’ils se réclament.
«Unissons-nous, et travaillons en vue d’une solide réconciliation. Nous avons payé cher notre unité nationale. Préservons-la, la main dans la main», a dit le nouveau président dans son discours d’investiture. Paroles sans doute simples, qui devaient être dites; néanmoins, ce sont celles-là mêmes que les Libanais avaient besoin d’écouter alors qu’ils n’entendaient que les diatribes d’hommes qui avaient perdu le sens de la mesure et perdu de vue l’intérêt de la nation, épousant des causes qui n’étaient assurément pas celles du Liban, tout en éloignant toute solution à la crise politique que vivait le pays.
En recentrant le débat sur les problèmes internes, le nouveau chef de l’Etat libanais a, pour ainsi dire, tracé la feuille de route à suivre pour sortir le Liban de la crise où il est enfoncé depuis 18 mois. Crevant l’abcès de fixation, que sont devenues les armes détenues par des hommes non «homologués», le général Sleimane avertit que ces armes ne doivent pas servir à tuer les Libanais, notant toutefois la «résistance» du peuple libanais (référence au Hezbollah) dans la lutte contre Israël.
En écho, le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans un discours prononcé le lendemain, donne sa bénédiction au président élu affirmant immédiatement: «Nous ne voulons pas du pouvoir au Liban, nous ne voulons pas contrôler le Liban et nous ne voulons pas gouverner le Liban.» Soulignant aussitôt: «J’appuie la clause de l’accord de Doha qui stipule qu’il ne faut pas recourir aux armes de la résistance pour réaliser des gains politiques.»
Nasrallah semble ainsi aller dans le même sens que le président élu, les armes ne doivent être pointées que contre les ennemis du Liban. Michel Sleimane a, par ailleurs, émis le souhait que la situation soit normalisée avec la Syrie et l’établissement de relations diplomatiques avec Damas. C’est là une avancée énorme dans un pays qui faisait porter tous ses malheurs à la Syrie sans essayer de voir s’il n’y avait pas manipulation pour maintenir la suspicion entre deux pays-clés du Moyen-Orient.
C’est d’autant vrai que la Syrie est (re)devenue le point stratégique de toute solution politique des problèmes qui minent le Moyen et le Proche-Orient. Les négociations syro-israéliennes -sous la médiation de la Turquie- notamment, en témoignent. A l’évidence, le Liban avait besoin d’un homme politique de la dimension de Hassan Nasrallah et d’un général à poigne en la personne de Michel Sleimane, prêts, l’un et l’autre, à donner le meilleur d’eux-mêmes, pour la sauvegarde du pays du Cèdre. Des hommes à la hauteur de l’Histoire.
Karim MOHSEN