Quand le droit reprend ses droits !
A la bonne heure, l’onusien Peter Van Walsum, qui se posait hier en champion du «réalisme» et de ses arbitraires, a finalement corrigé le tir et reconnu publiquement que le droit était du côté du Front Polisario. Et le Maroc, ses reniements, son fait accompli, son autonomie ? Pour M. Walsum, il est clair que le Maroc «cherche désespérément à légitimer» son occupation du Sahara occidental.
Des éclaircissements qui ont peut-être leur importance mais qui viennent tardivement, une fois les dégâts consommés. Car le fait que le mandat de la Minurso soit prolongé de toute une année alors que la durée habituelle n’excédait pas les six mois n’est certainement pas en faveur des Sahraouis. Le prolongement du statu quo vient plus ou moins contrarier les décisions du dernier congrès de Tifariti qui, justement, prévoyaient d’en finir avec la situation de ni paix ni guerre qui s’éternise au Sahara occidental. Gagner du temps, cela ne peut logiquement intéresser que le seul Maroc.
M. Walsum confirme que, bien que sachant que le droit était du côté sahraoui, le Conseil de sécurité de l’ONU «ne forcera jamais le Maroc à un référendum sur l’indépendance» du Sahara occidental. Bien sûr, les Sahraouis, ces Palestiniens du Maghreb, n’ont pas la chance de bénéficier des attributs du Koweït pour prétendre passer au chapitre contraignant.
«L’ONU est considérée comme un valet des grandes puissances qui usent du deux poids, deux mesures, par exemple à l’égard des Palestiniens, et qui n’est plus impartiale», admettait M. Lakhdar Brahimi, qui vient de recevoir à Middelburg, le «prix Roosevelt des quatre libertés».
Ne sont-ce pas des membres permanents du Conseil de sécurité qui couvrent l’occupation marocaine au Sahara occidental et surtout le pillage de ses richesses n’ayant cure du désastre qu’ils encourent à la région en cas de nouvelle déflagration ? Dans son dernier rapport d’octobre 2006, M. Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU, ne disait-il pas ses craintes sur une reprise des affrontements au Sahara occidental lorsqu’il affirmait dans ce rapport-testament que «les discussions (maroco-sahraouis, NDLR) ne pourront décoller que si (…) l’exercice de l’autodétermination et le seul objectif des négociations» ? Une vision qui s’inscrit dans la légalité internationale et donc tout ce qu’il y a de juste même si l’échec du «réalisme» a convenablement atteint les objectifs immédiats.
Quoi qu’il en soit, tous les dirigeants du Polisario qui ont eu à s’exprimer là-dessus tournent le dos à Peter Van Walsum, considérant qu’il s’était lui-même disqualifié et qu’il ne pouvait donc poursuivre sa mission dans la question du Sahara occidental. Il a bien fait de se rectifier mais comme dit si bien la substance d’un proverbe de chez nous : «Un crachat dégurgité ne peut être régurgité.» Et notre région martyre peut très bien se suffire d’un seul crachat à un moment où certains salivent sur le 13 juillet 2008.
Mohamed Zaâf