DÉRAPER, LUI ? JAMAIS !

Algérie. Débits de boissons alcoolisées. Le régime a décrété leur …

…mise en bière !

Je suis un peu triste. Un peu plus qu’un peu, à bien y regarder. Je suis d’autant plus triste que l’objet de ma tristesse, c’est mon journal. Mon propre journal. Une expression employée dans Le Soir d’Algérie, hier lundi m’a chiffonné, m’a chagriné : «Le dérapage verbal de Belkhadem».

Non les amis ! Dix mille fois non les camarades ! Cent mille fois non les compagnons ! Belkhadem n’a pas dérapé lorsqu’il a affirmé que «la Constitution de l’Algérie, c’est le Saint Coran.» L’idée même d’un simple dérapage verbal s’agissant de Belkhadem me met en rogne, me ronge les sangs et me donne envie de gueuler à tue-tête, dans les couloirs du journal : «Belkhadem ne dérape jamais.

La machine Belkhadem a été pensée et conçue pour ne jamais déraper. Le machin Belkhadem est comme ces voitures bourrées d’options technologiques, telles que l’anti-dérapage et le correcteur de trajectoire.»

Lorsque je lis, accolée au nom Belkhadem, l’expression «dérapage verbal», c’est comme si le pauvre monsieur avait juste fauté sans intention de le faire, s’était un peu écarté de la route, avec la ferme intention de revenir dans le droit chemin.

C’est cette désagréable sensation que suscite en moi la formule «dérapage verbal». Belkhadem est un peseur de mots. Son chemin, il le suit scrupuleusement depuis des lustres. Son sillon, il le creuse inlassablement, sans dévier d’un pouce.

Cet homme-là ne dérape jamais. Il se penche sur une oreille «amie». Il s’accoutre en habits «amis». Il truffe et farcit ses discours d’expressions fleurant bon le musc. Et ce ne sont jamais là des formes de dérapages. Il livre combat. Sa guerre à lui pourra durer cent ans.

Mille ans. Il en livre la portion pour laquelle il a été désigné. Un autre, des milliers d’autres comme lui prendront le relais. Peu lui importe de partir un jour. C’est un soldat de l’intégrisme. Un soldat discipliné et qui ira jusqu’au bout de lui-même. C’est-à-dire au bout de nous. Sans jamais déraper. Jamais ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Hakim Laâlam

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