Rabat fera-t-il le saut ?

Sans doute, le Maroc supporte mal de voir des Sahraouis libres regagner leur terre à Tifariti, dans la partie du Sahara occidental, hors de son contrôle. A voir la résistance sahraouie réinsuffler la vie dans ces territoires, Rabat prend peur et fait rappliquer les FAR.

Des manœuvres militaires incluant les forces terrestres, aériennes et marines se tinrent, provocantes, à la veille du 4e round des pourparlers maroco-sahraouis de Manhasset. Une initiative qui laisse planer la menace d’une reprise de la guerre, d’autant que les négociations n’aboutissent à aucune avancée vers le bout du tunnel mais scellent plutôt le statu quo.

Hier, le quotidien national El-Khabar, citant, à partir de Madrid, des sources diplomatiques et sécuritaires, faisait état de préparatifs militaires dans la perspective d’une attaque marocaine dans les territoires du Sahara occidental sous contrôle du Front Polisario.

Des mouvements de troupes sont observés chez les Marocains depuis plusieurs semaines et des forces importantes se déploient actuellement dans le secteur et n’attendent que le feu vert pour foncer sur Tifariti.

Comme font les sionistes avec Gaza ! L’objectif réel serait d’ériger un autre mur de défense au niveau des frontières sahraouies avec l’Algérie et la Mauritanie et d’isoler ainsi une localité que le Polisario est déterminé à repeupler et à en faire sa capitale parlementaire et qui compte un tiers de la superficie totale de l’ancienne colonie espagnole.

Le Maroc sautera-t-il le pas et mettra-t-il à exécution ses menaces guerrières alors que, selon les échos en provenance de Tifariti, la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental) a signifié aux responsables marocains le droit des Sahraouis d’organiser leurs festivités nationales dans la partie du territoire sous leur contrôle.

Mais si la Minurso s’est prononcée sur les initiatives sahraouies à Tifariti, elle ne l’a toujours pas fait publiquement sur les mouvements de troupes et les manœuvres militaires observées récemment dans la région sud-est du Sahara occidental.

Doit-on, par souci de «réalisme», garder les bras croisés face à des développements qui risquent de mettre le feu aux poudres et de compliquer la vie à toute une région. «Je ne veux pas penser à une reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario», disait, il y a quelque temps, notre Président à l’agence Reuters. Une rupture du cessez-le-feu signé en 1991 sous l’égide de l’ONU représenterait «une évolution dangereuse et dramatique pour l’ensemble de notre région», soulignait-il.

Hier, le ministre sahraoui de la Défense donnait libre cours au désenchantement sahraoui dans une interview au Jeune Indépendant. Au Polisario, «nous ne croyons plus à la solution politique. Je pense que nous allons vers une guerre car le cessez-le-feu n’a plus sa raison d’être au vu de l’incapacité de l’ONU à organiser un référendum d’autodétermination», disait-il, trouvant «étrange» la prolongation du mandat de la Minurso d’une année alors qu’elle n’excédait jamais les six mois auparavant. Une étrangeté qu’il n’est pas le seul à relever d’ailleurs.

Mohamed Zaâf

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It