LESQUELS ?

«Abdekka s’est payé un avion.»

Maintenant, faut qu’il le prenne !

Mohamed Chérif Abbas a choisi Ghardaïa pour lancer un appel solennel à la jeunesse algérienne. Le ministre des moudjahidine l’a exhortée à «prendre exemple sur les aînés». D’accord sur le principe ya Si Cherif. Mais une question. Une petite question.

Une simple question : «quels aînés ?» Faut nous préciser M’sieur. Parce que y a aînés et aînés. Les aînés qui ont combattu la France coloniale et sont tombés au champ d’honneur, j’en connais. Les aînés qui ont combattu l’envahisseur, ont libéré le pays et sont rentrés chez eux sans rien demander, j’en connais aussi.

Les aînés qui ont combattu l’occupant, ont libéré le pays, ont assumé des responsabilités puis se sont retirés à l’ombre apaisante de leur gloire, j’en connais aussi. Comme je connais des aînés qui ont ouvert des fonds de commerce où ils dealent leur «passé révolutionnaire» au prorata des avantages accordés par la république généreuse.

Comme je connais des aînés qui n’ont connu d’exploits révolutionnaires que le fait de s’être accoudés sur les promontoires des ports pour voir, de dos, les pieds-noirs quitter le pays. Pour certains de ces compatriotes, les glandes lacrymales sont même entrées en action ces jours-là.

Comme je connais des aînés aujourd’hui «en poste» qui, au fond de leurs immenses jardins ou dans leurs vastes greniers, gardent cachés, enveloppés dans de précieux écrins, les témoignages brillants et clinquants de leur amitié active avec l’occupant, colifichets en métal douteux gravés de leur matricule d’infâmes collabos et surmontés de rubans bleu-blanc-rouge.

Comme je connais des aînés dont je ne me souviens pas qu’ils aient été jeunes avant d’être nos aînés. Aînés éternels, ils font prévaloir leur droit d’aînesse patriotique pour ne pas rentrer chez eux, ou de n’y rentrer que les pieds devant, laissant la place à leurs rejetons pour qui ils ont créé des officines chargées officiellement de la redistribution de la rente révolutionnaire.

Après la révolution des pères, nous vivons celle des fils. Alors, Monsieur le Ministre des Moudjahidine. Qui sont ces aînés sur lesquels la jeunesse doit prendre exemple aujourd’hui ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Hakim Laâlam

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