Soyez patients!
Vous aurez votre Etat dans un futur… lointain. Sans doute non mesurable. C’est un peu ce que le chef de l’administration républicaine américaine, George W.Bush, a dit aux Palestiniens lors de sa récente visite dans la région du Proche-Orient où il participa à la commémoration de la «Nakba», pardon, à la célébration du 60e anniversaire d’Israël.
Cet intermède a donné à l’hôte de la Maison-Blanche de montrer sa vraie nature, un pro-sioniste sans imagination et sans la profondeur d’un vrai chef. M.Bush exige beaucoup des Arabes, comme d’isoler la Syrie (un pays arabe) et l’Iran (un pays musulman), d’empêcher ce dernier de se doter de l’arme nucléaire, de rejeter le Hamas, le Hezbollah et accessoirement Al Qaîda (en Irak, un autre pays arabe, que son armée a détruit)…Que propose le président américain en échange? Rien! Même pas des promesses, qui puissent encore entretenir l’espoir pour les Palestiniens, ayant sens et crédit.
Or, son discours à la Knesset (Parlement israélien) l’a, en fait, totalement et définitivement disqualifié en tant que parrain du processus de paix israélo-palestinien. Le dépit de M.Abbas, président de l’Autorité autonome palestinienne, était grand, qui eut cet euphémisme pour se désoler en déclarant: «Le discours de Bush devant la Knesset nous a mis en colère.» M.Abbas, qui croit aux mirages, est vraiment bienveillant.
Sans doute qu’il ne pouvait faire autrement, par rapport à la gravité des déclarations du chef de la première puissance mondiale qui a pris fait et cause pour une partie (l’occupant israélien des territoires palestiniens), tout en snobant la partie palestinienne de laquelle il attend d’autres concessions. Ce qui est encore plus révoltant c’est quand M.Bush, hypocrite, appelle les Palestiniens à «combattre le terrorisme et continuer à construire les institutions d’une société libre et pacifique».
Ah, mais! Il demande ainsi aux Palestiniens de combattre leurs frères sans contrepartie, alors que c’est Israël qui occupe leurs territoires, qui poursuit l’extension de ses colonies en Cisjordanie, qui, par ses barrages militaires, paralyse l’activité administrative, politique, sociale et sécuritaire de l’Autorité palestinienne. Mais quand le président américain dit qu’«Israël doit faire de ‘’durs’’ sacrifices pour la paix et ‘’alléger’’ les ‘’restrictions’’ imposées aux Palestiniens», on se demande si celui qui a prononcé ces mots est bien conscient de ce qu’il dit. «Durs» sacrifices, «alléger» les «restrictions». On croit rêver! Voilà un peuple spolié de ses terres, qui souffre de l’occupation depuis 60 ans.
Et que dit M.Bush, qui n’a cessé de mentir aux Palestiniens? Votre Etat verra peut-être le jour dans un futur lointain, quand il était attendu de lui qu’il exige de son protégé israélien de quitter les territoires palestiniens afin d’aider à l’instauration de la paix. Or, il donna surtout l’impression de s’excuser auprès des Israéliens, en quêtant un «allègement des restrictions» -qu’il assimile à de «durs sacrifices»- que l’Etat hébreu impose aux Palestiniens.
Il y a là une connivence avec l’Etat hébreu qui ne peut être celle d’un chef d’Etat qui prétend jouer le rôle de médiateur entre Palestiniens et Israéliens. Hélas! pour la paix…
Karim MOHSEN