L’envol raté du tracteur
On peut beaucoup lui reprocher. De refuser des bouées de sauvetage à un peuple en pleine fuite maritime ou d’ergoter sur la nature des cordes de pendu à une société au bord du suicide. En tant qu’enfants joyeux de l’indépendance, produits organiques du rêve égalitariste et libertaire, on peut. Mais on ne peut pas reprocher à l’Etat algérien de ne pas dépenser de l’argent.
Des milliards investis dans l’agriculture et la culture, dans les structures et infrastructures, routes et autoroutes. L’Etat subventionne le pain à hauteur de milliards, donne de l’argent aux pauvres, aux sinistrés, aux repentis et même aux maîtresses de dirigeants.
Et vient de décider de donner un minimum aux jeunes chômeurs diplômés. Pourquoi alors le pays n’a-t-il pas réussi là où beaucoup de pays, avec la même injection d’argent, aurait talonné les nations développées ?
Parce qu’il y a un moment où il faut commencer à réaliser que l’incompétence fait plus de mal que la corruption. L’argent est mal placé, dans de mauvaises mains et aucune vision ne soutient l’effort financier.
La gestion par chèque possède ses limites, là où l’encaisseur devient n’importe qui, là où avec un sac poubelle et une vieille carte d’identité, il vient pomper de la ressource. Il suffit d’ailleurs de faire une évaluation des compétences pour comprendre qu’on ne peut pas avancer avec des gens qui reculent à chaque brise, s’arrêtent à chaque bruit et n’ont de projet que celui de ne pas en avoir.
Il suffit de regarder un directeur central de ministère ou un responsable de caisse de développement pour réaliser que l’Algérie ne va pas décoller, personne n’ayant jamais vu un tracteur flotter dans les airs.
Pourquoi l’Algérie s’entoure-t-elle de tant d’incompétences alors qu’il y a tant de compétences ? Prenez un schéma de montage. Tournez-le, en lui mettant la tête en bas. Ça donne à peu près l’Algérie.
Chawki Amari