La règle du jeu

La corruption est, de l’avis des acteurs de la discipline, le mal qui ronge insidieusement le football algérien. Le phénomène, déjà nocif en lui-même, s’accompagne, ces dernières années, d’un recours quasi systématique dans les stades. C’est du coup toute une pratique sportive qui s’en trouve altérée, car l’esprit de la compétition est perverti par les puissances d’argent.

Cela se traduit par des arrangements de résultats qui ne sont plus, dans certains cas, de l’ordre de la légende urbaine. Le football algérien ne peut que perdre son crédit sous l’emprise de telles dérives. Ces comportements tiennent au fait que les clubs sportifs ne disposent pas tous des mêmes moyens et ils sont, pour la plupart d’entre eux, trop démunis pour soutenir les obligations d’un cahier des charges et dans l’impossibilité d’assurer régulièrement la rémunération de leurs athlètes.

Les championnats, dans tous les paliers de la compétition, sont dominés, assez logiquement, par les équipes qui disposent d’un budget constant et d’une gestion des ressources financières et des effectifs à peu près normaux.

Cette règle est d’ailleurs valable, y compris dans des championnats européens où tous les clubs ne sont pas logés à la même enseigne, les plus riches ayant plus de capacités de s’imposer. En Europe, les instances sportives sont fortement répressives face à des infractions avérées et la prestigieuse Juventus de Turin, en Italie, a bien payé pour le savoir.

C’est le verdict du terrain qui, loyalement, doit faire la différence. C’est ce qui explique que de grandes équipes ont sombré dans l’anonymat ou disparu. Les exemples sont nombreux, en Algérie, de grands pôles du football ne sont plus aux premières loges.

C’est par le travail assidu, par les vertus de la formation que ces clubs, aujourd’hui déchus, renoueront avec la gloire. Mais il se trouve que les autres équipes, instruites de ces exemples désastreux, n’entendent pas subir un aussi triste sort et le leitmotiv est celui d’accéder en division supérieure et pour ceux qui y sont déjà de s’y maintenir.

Mais c’est la loi du genre : il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Tant et si bien que les fins de saison pour le football algérien sont marquées par des tractations souterraines et des jeux de coulisses pour faire que tels clubs puissent accéder et d’autres éviter la relégation.

De tels procédés ne constituent pas la panacée aux problèmes du football algérien qui a besoin d’aires de jeu, de centres de formation, d’institutions médicales pour soigner les sportifs. La majorité des clubs ne dispose pas de terrain de football dûment homologué, et certains ont même le statut d’équipe SDF.

La question qui se pose est alors celle de savoir s’il n’est pas plus utile, voire désormais nécessaire, de réfléchir, de manière consensuelle, à l’avenir du football en termes d’édification de stades construits aux normes réglementaires – ce qui serait un pas décisif – au lieu de continuer d’enfermer le football dans des intérêts étriqués.

L’enjeu est celui d’une réhabilitation de la discipline qui passe, certes, par des projets structurants dont l’Etat peut être partie prenante, mais dont la réussite restera problématique si la réforme la plus essentielle n’est pas engagée : celle des esprits.

Amine Lotfi

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