Archives ou documents d’actualité?

Contrairement aux Etats-Unis qui ont ouvert au public les archives de la guerre du Vietnam, bien plus récente que notre guerre de Libération nationale, la France rechigne à faire de même pour ce qu’elle nomme «la guerre d’Algérie».

De classification en classification, de délai en délai, les parlementaires français n’arrêtent pas d’amender, de codifier, de lire et relire, des textes de lois pour, en définitive, ne pas mettre sous toutes les mains ces fameuses archives. La toute dernière modification est un projet de loi adopté par l’Assemblée nationale française le 1er mai dernier.

Ce projet vise à réduire le délai de consultation des documents classés «secret défense» de 60 à 50 ans. C’est maintenant au tour du Sénat de se prononcer. Un Sénat qui, dans un débat précédent, avait émis le voeu de porter le délai à 75 ans.

Sans préjuger sur le renvoi du projet par le Sénat à l’Assemblée nationale pour une seconde lecture, l’essentiel est dans toutes ces tergiversations autour de la divulgation ou pas des archives durant cette période.

Même à supposer que le délai de 50 ans puisse être accepté par le Sénat, les archives datant de 1958 à 1962 resteront fermées au public. Pour cette période, il faudra attendre 2012. Ceci dans le cas où le Sénat entérinerait le projet adopté par les députés. Ce qui n’est pas du tout acquis.

Au-delà de la question de savoir pourquoi ce choix du moment pour introduire le projet de loi en question et pourquoi les archives ont été «découpées» en deux tranches: de 1954 à fin 1957 et de 1958 à 1962, il ne faut pas être sorciers pour y voir une préoccupation certaine de préserver les intérêts de la France. L’essentiel est de s’interroger sur ces intérêts.

On a entendu des parlementaires évoquer des documents «concernant la vie privée». De qui? De Français? D’Algériens? Et c’est quoi au juste cette «vie privée» qui risque d’intéresser à ce point les chercheurs et que l’Etat français protège de toutes ses forces?

Et pourquoi la «vie privée» de 1954 à 1957 serait moins à protéger que celle de 1958 à 1962, période marquée par la présidence de De Gaulle? Quand certains historiens comme Benjamin Stora veulent faire croire que toute cette gymnastique est faite pour cacher la pratique de la torture par l’armée française en Algérie, ils oublient que la meilleure confirmation de cette pratique a été apportée dès 1957 par la démission du général Jacques de Bollardière.

Non, assurément, ce n’est pas cela que la France s’évertue à mettre hors de vue. Ce sont ses intérêts d’aujourd’hui qu’elle défend. Des intérêts intimement liés à cette «vie privée». Nous le savons, vous le savez, ils le savent. Alors, trêve d’hypocrisie!

Zouhir MEBARKI

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