LEÇONS LIBANAISES

La première des leçons est incontestablement la facilité ahurissante de la désinformation. Toute la presse algérienne éditée en français, mais cela doit être vraie aussi pour celle éditée en arabe, reprend les informations de l’AFP indiquant que le Hezbollah est la seule milice à n’avoir pas désarmé. La même presse algérienne reprenant les mêmes sources a parlé de combats dans Beyrouth et l’attaque par les milices de Hariri aux grenades et à la mitrailleuse lourde des locaux du Hezbollah.

Les combats à Beyrouth se sont déroulés entre le Hezbollah et des anges venus du ciel ; les mitrailleuses lourdes et les grenades de Hariri sont des confettis. Comment peut-on dans le corps d’un même article écrire deux informations aussi contradictoires, aussi antinomiques, si visiblement problématiques ?

La question mérite d’être creusée et un esprit normalement constitué ne peut se résoudre à croire à de l’inattention, à des capacités limitées de lecture, à un esprit critique absent chez des journalistes censés vérifier l’information et qui en diffusent une alors qu’ils écrivent de leurs mains les preuves de son caractère mensonger. Et cela passe. Personne ne s’en rend compte.

Ni le correcteur ni le chef de rubrique, et certainement le lecteur non plus. Un vrai problème ! Pour le reste des leçons, on peut retenir qu’en trois jours de combats, le Hezbollah a mis en échec la tentative à la fois de toucher à ses armes et de l’entraîner dans la guerre civile.

Premièrement, contrairement à tous les hurlements au coup d’Etat, le Hezbollah n’a à aucun moment cherché à s’emparer du pouvoir et s’est retiré des rues de Beyrouth avant la demande de l’armée. Deuxièmement, Siniora, tout en mesurant la difficulté à réussir ce que Israël a échoué, ne renonce pas à pousser à une confrontation avec l’armée en attendant des circonstances plus favorables.

Troisièmement, Hariri et Joumblatt ont parfaitement compris le message de l’opposition : il leur faudra une ingérence étrangère directe pour arriver à leurs fins et donc révéler au grand jour ce qu’ils bricolent en sous-main au service des SA d’Israël et de leurs autres amis qui ne leur ont épargné aucune des humiliations israéliennes, du bombardement de Beyrouth à l’occupation des fermes de Chabaâ et aux violations multipliées de la terre et du ciel du Liban.

Siniora a reconnu sa défaite pour ce qui est de la première manche mais ne renonce pas pour autant à une revanche autrement plus sanglante et plus dévastatrice pour le Liban. Les Américains et les Européens, Israël et ses nouveaux alliés arabes savent désormais que le Hezbollah n’est pas isolé, qu’ils ne peuvent pas compter sur une hostilité ou une neutralité d’une partie de la population pour le frapper à l’aise et que de toutes les façons, ils devront pour cela occuper le Liban, changeant du tout au tout la question.

Sont-ils prêts à le faire ? A mon avis oui pour les néoconservateurs américains, un peu moins pour Sarkozy mais à peine un peu moins ; tout à fait oui pour l’Otan, Israël et ses amis arabes. Sinon, il devrait renoncer à leur projet de frapper l’Iran ou alors payer un prix si lourd qu’il annulerait tous les avantages qu’ils espèrent d’une confrontation.

Mais ce prix emporterait avec lui les vieilles familles patriciennes du Liban de Gemayel à Joumblatt et la nouvelle oligarchie capitaliste des Hariri et consorts. Et cela Hariri l’a compris, parfaitement compris avant Joumblatt, qui vient d’ouvrir les yeux.

MOHAMED BOUHAMIDI

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