Comment s’élabore le processus de prise de décision ?
On dit souvent, pour ce qui concerne notre pays, que ceux qui décident ne gèrent pas et que ceux qui gèrent ne décident pas. Ceci expliquerait en partie pourquoi, malgré ce qui est décidé en terme d’orientation et de fixation d’objectifs, le terrain ne suit pas toujours pour ne pas dire qu’il ne suit pas du tout.
On dit également que notre problème proviendrait de ce que les choix en faveur de notre arrimage à tel espace géopolitique, à tel système économique, n’ont pas fait l’objet d’une transaction sur le plan intérieur et n’ont pas bénéficié des éclairages que pouvait leur fournir une prospective qui n’a pas été à l’honneur pour la prise de décision nationale.
Il y en a, parmi les analystes, qui auraient bien voulu être éclairés sur le comment de l’élaboration du processus de décision au sommet de l’Etat.
Pour ce qui concerne la question cruciale des éclairages pour l’avenir, où se sourcer ? Les lieux officiels sensés offrir l’abri à la réflexion collective ne sont pas légion. Ceux qui existent en principe pour ça, on n’en entend pas parler. Existent-ils encore ? Quelle dose d’ «intelligence» est-elle intégrée dans toute décision pour ce qui concerne la prise en compte du devenir du monde et des mutations internationales ?
Les diagnostics et les préconisations de solutions n’ont jamais fait défaut, mais quelle part de validité ? Qu’est-ce qui garantit qu’est minimisée l’incertitude ? Ce sont les mêmes questions qui se posent pour ce qui concerne nos entreprises. Les multinationales possèdent leurs propres réseaux de renseignements pour tout ce qui est lié au domaine de leurs activités y compris l’environnement sécuritaire, y compris l’évolution des facteurs influençant la géopolitique.
Comment prennent- elles leurs décisions d’investissement ? Comment s’y prendraient-elles pour la recherche de débouchés à leurs produits sur le marché étranger et surtout que doivent-elles faire pour ne pas perdre le marché intérieur devant leurs difficultés certaines (mission impossible ?) à conquérir des parts de marchés extérieurs?
Dans ces conditions, il est vrai qu’il n’est pas du tout simple de parvenir à insuffler une dynamique de développement et qu’il ne faudrait surtout pas compter sur le projet d’Union pour la Méditerranée pour concrétiser un tel espoir dans un contexte d’abord de concurrence entre les pays de la rive-Sud pour s’attirer les faveurs de l’Europe et ensuite d’imprécision des retombées économiques sur notre propre pays.
Non pas que n’existent pas des compétences nationales, non pas que n’existent pas des volontés politiques et des aspirations des opérateurs, mais, au regard des remarques faites par le Forum des chefs d’entreprises, le problème réside d’une part dans l’absence de participation des hommes de terrain aux négociations internationales portant sur les accords d’association alors qu’ils devraient en être les initiateurs, ce qui nous ramène donc à l’écart qui existe entre les décideurs et les gestionnaires opérateurs dont il est question ci-dessus, d’autre part en l’absence de projections consensuelles sur le futur.
Bachir Benhassen