La belle frontière bleue

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, discutera demain à Alger de l’union pour la Méditerranée dont la mise sur orbite est en principe prévue le 13 juillet prochain à l’occasion d’un sommet à Paris.

La visite du ministre a été précédée par une énième tragédie en Méditerranée où une trentaine de harraga subsahariens furent noyés par la marine marocaine, selon des affirmations de rescapés recueillies par le très sérieux El Pais. Des témoignages qui furent, bien sûr, démentis «catégoriquement» par les autorités marocaines. Le scoop du journal madrilène eut un grand retentissement dans le monde mais son auteur fut quand même accusé par le ministère marocain de la Communication de… «manque de professionnalisme».

Amnesty International affirme avoir rencontré quelques-uns des survivants qui lui ont raconté avoir été «emmenés en camion, de nuit, jusqu’à la ville d’Oujda, à la frontière algérienne, dans ce qui semble être une expulsion sommaire». Amnesty International a ainsi demandé qu’une enquête sur le drame soit ouverte, que ses résultats soient rendus publics et que toute personne reconnue responsable de ces noyades soit traduite en justice.

En 2005, des centaines d’immigrants subsahariens, dont des demandeurs d’asile, avaient été conduits par les services de sécurité du Maroc dans des zones désertiques proches de la frontière algérienne, avec consigne de franchir la frontière à pied et de se rendre dans les localités algériennes. Ils avaient été abandonnés sans eau ni nourriture, ou alors en quantité insuffisante.

Depuis, l’Europe n’a pas encore su trouver de réponses à un problème humain auquel elle ne peut se dire étrangère.
En mars dernier, notre ambassadeur à Paris, M. Missoum Sbih, insistait justement sur l’importance à accorder à la dimension humaine qui doit être au cœur de tout projet de construction d’une «destinée commune» en Méditerranée.

Les paroles de Sbih, ce devait être probablement du chinois pour l’Europe, dont la vision du codéveloppement est étroitement liée à sa politique d’immigration conçue pour contenir plutôt les flux migratoires. Y a-t-il une chance de voir l’égoïsme européen s’effacer pour faire place au «principe de solidarité» que l’Algérie défend dans l’espoir de réduire l’écart de développement entre les pays des deux rives ?

Et qu’en est-il de la suggestion de notre ambassadeur pour la mise en place d’un espace Shengen méditerranéen ? Un tel espace euro-méditerranéen ne manquera pas d’avoir des conséquences considérables puisqu’il témoignera concrètement d’une volonté politique de prendre en considération les attentes des populations de la région.

Particulièrement celles de la rive sud de la Méditerranée tant il est vrai que beaucoup, y compris au Maroc, rêvent de voyager et d’atteindre Israël, un Etat où, par contre, on se fait un certain plaisir d’atteindre… Kouchner.

Mohamed Zaâf

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