Beyrouth et le syndrome de Ghaza

C’est reparti. Le Liban est plongé une nouvelle fois dans des lendemains incertains. Beyrouth est en proie à d’intenses combats de rues. Le souvenir de la guerre civile qui aura duré 15 années pour prendre fin en 1990, fait craindre une rechute.

Si tout a commencé par la décision du gouvernement de s’intéresser aux installations de télécommunications mises en place par le Hezbollah, tout indique que le conflit n’a rien de spontané. La capitale est coupée du monde. L’accès à l’aéroport bloqué, port fermé, route vers Damas coupée. Le combat oppose les musulmans. Chiites du Hezbollah contre les sunnites au gouvernement et majoritaires au Parlement.

Il faut savoir que le Liban est sans président de la République depuis le 24 novembre dernier. C’est le Premier ministre Fouad Siniora qui, conformément à la Constitution, en assure l’intérim.

Ce conflit entre musulmans libanais ressemble étrangement à celui qui a divisé les Palestiniens. Entre le Hamas et le Fatah et qui a conduit à la scission de Ghaza.

L’Occident et Israël accusent l’Iran et la Syrie d’être derrière ce conflit. L’Iran, lui, accuse les Etats-Unis et Israël. L’Arabie Saoudite et l’Egypte demandent une réunion extraordinaire de la Ligue arabe pour trouver une solution. Un branle-bas de combat diplomatique qui a peu de chance de faire avancer les choses dans le bon sens tant ce combat fratricide entre musulmans fait l’affaire des Israéliens qui, n’en doutons pas, feront tout pour attiser le feu.

Il fait leur affaire pour plusieurs raisons. D’abord, une guerre civile au Liban relèguerait au second plan le processus de paix en Palestine, pour lequel George Bush est attendu dans la région le 21 mai prochain.

Ensuite, et sachant que le Hezbollah est militairement plus fort que l’armée libanaise, Israël aura une carte en plus pour faire accepter par ses alliés, au cas où Beyrouth tomberait entre les mains des hommes de Hassan Nasrallah, l’option militaire contre l’Iran qui se dote de l’arme nucléaire.

Déjà la France a déclaré hier «ne pas rester inactive». Peu après, le ministre libanais des Télécommunications demandait officiellement l’aide de Sarkozy. Et enfin, un morcellement du Liban comme il a eu lieu en territoires palestiniens, comme il a toujours été programmé en Irak, font partie des objectifs d’Israël pour repousser la paix et endosser cette responsabilité à l’absence d’interlocuteurs fiables.

Dans un nouveau monde fait de grands ensembles, les Arabes sont poussés dans le sens inverse vers les micro-Etats. Si par malheur il arrivait, à Beyrouth ce qui est arrivé à Ghaza, non seulement le Liban ne s’en relèverait pas mais c’est tout le conflit du Moyen-Orient qui prendrait une tout autre tournure.

Zouhir MEBARKI

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