Une messe pour le Liban
Les ministres arabes des AE se réuniront dimanche au Caire pour «examiner la situation au Liban à la lumière des derniers développements», annonçait-on hier de source proche de la Ligue arabe, au 3 e jour des affrontements qui ont fait 11 morts et 30 blesses.
La crise vécue après le départ en novembre du président Emile Lahoud et l’absence d’accord entre les parties pour son remplacement arrive ainsi à son point culminant. Une crise venue tel un symbole coïncider avec le 60e anniversaire de l’occupation de la Palestine. Comme pour nous dire que la région ne connaîtra pas de quiétude tant qu’Israël est là.
Car, sans Israël, le Hezbollah perdrait sa raison d’être et peut-être n’aurait jamais existé. Le déclenchement des hostilités faisait suite aux accusations d’atteinte à la sûreté de l’Etat lancées par le gouvernement contre le Hezbollah pour son installation d’un réseau de telecommunications militaire dans la perspective d’une nouvelle confrontation avec l’armée sioniste.
La décision équivalait pour Nasrallah, à une déclaration de guerre «contre la résistante et ses armes dans l’intérêt de l’Amérique et d’Israël». Mais la situation régionale étant ce qu’elle est, peut-on en vouloir au Hezbollah d’essayer de se doter de moyens pouvant aider à le prémunir des mauvais coups d’Israël.
Un voisin belliqueux qui ne croit qu’en la logique de la force comme le démontrent ses innombrables crimes contre l’humanité et autres crimes de guerre commis dans son voisinage avec l’assurance d’une totale impunité. Que diront les ministres arabes au Caire ?
Pousseront-ils le bouchon jusqu’à conseiller au Hezbollah de se départir de son patriotisme et d’aller monter une boîte de télécommunications du côté des Seychelles. Et même une agence touristique, pourquoi pas ?
Sinon préférera-t-on vêtir coûte que coûte la résistance libanaise d’un costume farsi et lui coller une punition en l’obligeant à copier un certain nombre de fois la nouvelle doctrine de la Ligue affirmant que la paix avec Israël est «un choix stratégique» ?
Dans le monde arabo-musulman, les masses populaires n’ont pas de quoi être fières à part le Hezbollah, ne serait-ce qu’une équipe de pétanque. Dans le monde arabo-musulman, les sympathies vont au mouvement chiite alors qu’hier, elles allaient au défunt Georges Habache, de la tendance communiste. Comme quoi la fierté s’accommode de toutes les résistances, indépendamment des chapelles politiques.
Mohamed Zaâf
