Quand le Hezbollah se met en colère
Les Libanais qui avaient tout fait pour que la guerre civile, qui avait complètement détruit leur pays, il y a plus de deux décennies, ne soit plus qu’un souvenir, ont vu se structurer, de manière très complexe, ces cinq dernières années, les conditions d’une nouvelle guerre civile, à laquelle avait sursis le temps d’une guerre et de panser ses plaies, l’attaque barbare d’Israël contre le Sud Liban chiite.
Aujourd’hui, la tension semble avoir remonté en surface et l’ennemi israélien mis de côté, pour voir de nouveau planer le spectre d’une nouvelle guerre civile entre frères libanais. C’est que le Liban, dans un volcan moyen-oriental dont le noyau dur est Israël et les contours du cratère dessinés par la Syrie et l’Iran, n’a jamais pu construire une politique libanaise faite pour le Liban et les Libanais.
Déchiré par des divergences idéologiques de fond, le Liban qui se donne à voir comme un pays libéré des conflits interreligieux, n’en vit pas moins les affres d’une guerre de religion qui dépassent de loin ses frontières, laissant le soin aux différentes factions qui se partagent le pouvoir, de laisser des parts d’hégémonie aux uns et aux autres parmi les Etat qui ont une guerre idéologique à mener dans ce pays.
Entre le Hezbollah qui repose sur les épaules de l’Iran et de la Syrie et un gouvernement d’affairistes qui a fait de l’Arabie Saoudite, moyennant un partage de la vision autour du principe : «la paix à tout prix», la source de ses investissements et de ses financements, le Liban ressemble à une enclave d’espionnage et de contre-espionnage où les grandes puissances, par leurs sous-puissances régionales interposées, préparent le grand découpage géostratégique de la région.
Quoi qu’il en soit, ce sont les citoyens libanais qui payent le prix fort ces conflits intestinaux dont la cause n’est pas localisable au Liban. Une question fort d’actualité et qui situe les enjeux de l’heure : un gouvernement fort du soutien financier saoudien et de la bénédiction des grandes puissances peut-il se soutenir d’une guerre face au Hezbollah ?
10-05-2008
Farès N.
