Le dinar ne serait-il pas déjà convertible ?
On parle régulièrement de convertibilité du dinar, un peu trop abondamment même, mais on oublie que le dinar est déjà convertible bien que cela n’apparaisse pas, de façon évidente, car la contrepartie en devises ne rentre pas dans nos poches directement en billets de banque.
Le réveil, qui sonne le matin pour nous tirer du lit, provient bien de l’étranger et pourtant il est payé, en Algérie, en monnaie locale. Le lait et le café, du petit-déjeuner, proviennent également, de l’étranger et pourtant ils sont payés de la même façon par les consommateurs algériens. Idem pour les bus et voitures qui nous transportent, ainsi que pour notre alimentation et notre santé en matière de soins médicaux. N’est-ce pas qu’ainsi le dinar est déjà convertible ?
La défense de la convertibilité ou de la non-convertibilité dépend de la distance qu’on observe par rapport au pouvoir et à ses propres aspirations à s’en rapprocher ou à s’en éloigner. C’est comme la loi sur les hydrocarbures. Elle a été sublimée car le Président la voulait et son contraire a été sublimé par les mêmes hommes, par la suite, parce que le Président ne voulait plus de cette loi.
Depuis, on évalue toute analyse à la distance de son auteur par rapport au pouvoir. C’est ainsi que tout est toujours noir ou toujours blanc, selon que l’on soit dans le camp du pouvoir, que l’on aspire à s’en rapprocher, ou dans le camp de l’opposition.
Ceux qui veulent la convertibilité totale et libre se trouveraient dans les milieux d’affaires, d’après les populations qui rappellent les rumeurs selon lesquelles des quartiers entiers en Suisse appartiendraient à des Algériens qui ont découvert les brèches pour faire fuir les capitaux.
D’ailleurs, dit-on, pourquoi des IDE tiendraient chez nous quand l’épargne locale se place à l’étranger ? Il nous revient également en mémoire l’affaire des 26 milliards de dollars, évoquée par un ancien chef de gouvernement, qui auraient pris le chemin de l’étranger selon le principe de la « grande évasion ».
La convertibilité totale et libre ferait naître des perceptions et même des convictions selon lesquelles l’avenir devrait mieux se préparer à l’étranger et que désormais, ceux qui géreraient l’avenir du pays concevraient leur propre avenir à l’étranger.
Manque d’enthousiasme en Algérie ? Déficit de confiance ? C’est la thèse vendue aux candidats à la haraga. Il semble que nos «politiques» n’ont pas une marge de manœuvre assez large pour répondre à toutes les questions liées à la révolution des demandes permanentes, alors que les urgences sont nombreuses, impatientes et pressantes.
Pouvons-nous être dans le modèle keynésien de collaboration entre l’Etat, le capital et le travail dans un contexte où c’est la dépense publique qui fait fonctionner l’économie de marché, alors qu’il devrait être attendu de cette dernière qu’elle finance elle-même le développement ?
Bachir Benhassen