23 mars 2009- 5h30 (III)

Résumé des précédents épisodes : le 23 mars 2009 à 5h30, le peuple algérien prit le large. Le coup était dur pour le gouvernement. Mais, après quelques déboires, ce dernier trouva la parade en faisant appel à 30 millions de Chinois… Première alerte : le nouveau peuple demandait l’organisation d’élections législatives…

Le comité secret «S214» fut convoqué le lendemain de l’annonce, faite par les Chinois, d’organiser des élections législatives. Composée de deux ministres et de quelques officiers, cette instance devait trouver une parade à ce qui s’apparentait à un véritable coup de force des Chinois, menés par un certain Khou Ya Lah Ouaoui ! Mais comment faire ? Les électeurs, des Chinois à 99,99%, voteraient inévitablement contre les Algériens, d’autant plus que ces derniers n’étaient plus que deux ! En effet, les listes des votants et des… candidats ne pouvaient recevoir que les noms de Moh L’Oiseau et Meriem El Aggouna qui seraient vite balayés par l’ouragan venu de l’Empire du milieu.

Première décision donc : démobiliser 500 militaires et les inscrire sur les listes présentées par les partis. Mais quels partis ? Il n’y en avait plus ! Il fut donc décidé d’en créer trois nouveaux qui auront pour principale tâche de se transformer en coalition présidentielle plus tard. L’une de ces formations, tenant son congrès à la hâte, devait donner l’impression qu’un second couteau allait tenter un coup d’Etat contre le vizir ! La presse fut menée en bateau. Comme d’habitude.

Finalement, le second couteau se transforma en second tout court et le vizir fut sauvé par le système ! Restait le plus dur : comment amener les Chinois à voter pour ces candidats ? Il y avait certes les vieilles recettes de détournement des voix ! Cependant, avec deux votants algériens, pour 30 millions d’électeurs chinois, il n’y avait absolument rien à espérer. C’est alors qu’un des ministres présents proposa de faire appel à Habib Khali Nez Rouge, auteur du célèbre bestseller «Plongée en milieu post mondialiste sans scaphandres ».

Le gars n’était pas commode. Faisant partie du corps de sécurité, il avait démissionné, juste après le 23 mars, parce qu’il trouvait imbécile le plan de relance de la circulation automobile dans une capitale submergée de vélos. En outre, il n’avait pas apprécié que l’on ait oublié de lui désigner une cuisinière spécialisée dans les crevettes à la cantonaise.

Il se retira dans son pavillon de Sidi Abdallah et resta à regarder les programmes de la chaîne chenoua de Cherchell, traduits automatiquement en arabe. Lorsqu’une voiture de police gara devant son domicile, il comprit qu’on venait le chercher et qu’il n’y avait aucun moyen d’y échapper. Il s’habilla, essaya de frotter son nez pour camoufler cette rougeur gênante, mais le résultat fut tout à fait le contraire.

Lorsqu’il fut devant le comité «S214», le responsable lui posa crûment le problème. Il semblait ne pas disposer de solutions : «Vous me dites qu’il y a 30 millions de votants d’un côté et deux de l’autre et vous voulez faire gagner la paire d’Algériens ? Je sais que vous êtes forts dans la manipulation des urnes, mais là, je donne ma langue au chat !

- C’est pour cela que nous vous faisons appel !

- Moi ? Il vous faut plutôt la bague de Soliman !

- C’est une idée ! Il est où le gars qui faisait une émission à la télé ? Il l’a, lui, cette bague !

- Monsieur, je crois qu’il fait partie de ceux qui ont pris la décision de partir. On dit qu’il anime un programme fort apprécié sur «Canal Sidi Cagliari 2»…

- Maintenant, notre seul espoir, c’est vous !» Habib Khali Nez Rouge demanda quelques jours de réflexion. Lorsqu’il revint, il portait un lourd dossier qu’il jeta victorieusement sur la table de réunion : «Voilà la solution !

- C’est quoi tous ces papiers ?

- C’est une nouvelle Constitution !

- Quoi ?

- Oui, une nouvelle loi fondamentale qui va les faire rire jaune !

- Et comment donc ?

- Elle règle définitivement le problème. L’article 1 dit clairement que la République algérienne est habitée par des citoyens algériens qui y exercent tous leurs droits politiques et que les étrangers resteront étrangers tant qu’ils n’auront pas obtenu la nationalité algérienne.

- Et qu’est-ce ça va changer !

- C’est clair, non ? Les 30 millions de Chinois ne pourront pas voter, ni se présenter en tant que candidats !

- Mais qui va donc voter ?

- Moh L’Oiseau et Meriem El Aggouna !

- Allons donc, deux votants, ça ne fait pas sérieux !

- On pourra gonfler les chiffres, comme d’habitude ! Il y a une cellule spéciale chargée de ces opérations. Il faut la faire travailler. Généralement, elle a besoin d’une nuit pour tout trafiquer. Dans les pays démocratiques sérieux, les résultats tombent à la fin du vote. Ici, la nuit porte toujours conseil…

- Bon, bon, ça va. Je connais… Mais vous trouvez sérieux de faire tout ce tapage pour un vote qui va concerner deux votants !

- Vous savez, le ridicule ne tue plus depuis longtemps dans ces contrées… Alors ?»

Sur ce, un officier surgit dans la salle avec l’air d’avoir rencontré le diable en personne dans les escaliers. Il annonça qu’il avait une bonne et une mauvaise nouvelle. Le chef demanda la mauvaise d’abord : «Moh L’Oiseau vient de perdre la vie à la gare de Bouchegouf !» Tout le monde se leva. Sur les visages livides, se lisait une consternation qui n’avait rien à voir avec la compassion ! On venait de perdre la moitié du peuple algérien resté sur le sol de la patrie et ce n’était pas rien !
«Comment c’est arrivé ?

- Le gars s’ennuyait tellement qu’il avait trouvé un bon moyen de passer le temps. Il s’amusait à conduire une vieille locomotive épargnée par le temps. Il y a 10 heures, il poussa tellement la vitesse qu’elle dérailla. Il est mort sur le coup…

- Il faut l’enterrer solennellement !

- Il n’y a rien à enterrer. Le gars a été déchiqueté et l’amas de ferrailles gît au fond de la Seybouse ! On a juste trouvé son dentier planté dans un cactus, à une vingtaine de mètres de la gare !

- Enterrez le cactus ! Et la bonne nouvelle ?

- Meriem El Aggouna est enceinte ! Elle accouchera dans 3 mois !

- C’est parfait ! Mais ça ne fait toujours qu’un votant !

- Pourquoi, intervint Habib Khali Nez Rouge ? On peut faire voter le bébé !

- Vous parlez sérieusement ?

- Ne me regardez pas avec ces yeux ! Vous avez fait voter même les morts…

- Tiens, tiens, ce n’est pas une mauvaise idée. Vite, ramenez- moi la liste des disparus en mer lors de la grande «Harba»… Oui, c’est génial, refaire voter les morts…»

(A suivre)

Maâmar FARAH

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